De part sa position géographique particulière, le Maroc est un des pays les plus vulnérables au changements climatiques dans le monde. Son littoral de 3500 KM, sur lequel sont installés 80% des infrastructures industrielles et énergétiques, peut devenir un grave handicap en cas de remontée du niveau des mers. La sécheresse, devenue récurrente durant les dernières décennies, risque de devenir structurelle. Dans un pays où l’agriculture emploie 40% de la population active, on a de sérieux soucis à se faire. Ajoutez à cela une désertification et une déforestation accentuées, une pollution des nappes phréatiques et l’extermination de dizaines d’espèces animales et végétales.
Les analyses météorologiques au Maroc confirment une augmentation de la température de 0,16°C par décennie, une diminution de la durée des vagues de froid de 11 jours en 45 ans, et une augmentation des vagues de chaleur, en nombre et en durée. Les précipitations se concentrent de plus en plus d’un an, et sont généralement suivies par 3 ou 4 ans de relative sécheresse.
Une prise de conscience commence à émerger, mais dépasse rarement le stade d’intentions, ou de stratégies annoncées en grande pompe. Dans un pays miné par plus de 40% de taux d’analphabétisme, les mentalités sont difficiles à changer.
Mais à quel point le Maroc contribue-t-il au réchauffement climatique? Par définition, toute activité humaine émet du CO2. Un bilan des émissions carboniques réalisé en 1996 a permis d’établir que le marocain émettait en moyenne 1,82 tonnes de CO2 par an. Bien moins qu”un qatari (52 tonnes/an) ou un américain (19 tonnes/an).
En gros, les responsables du réchauffement climatique ne sont pas vraiment au Maroc. Mais on y contribue indéniablement. Un tournant économique important est entrain de se produire, et il serait temps d’en faire partie. Après avoir raté le train de la révolution industrielle, et de la révolution numérique, il ne faudra pas rater celui de la révolution verte. De l’énergie au bâtiment, en passant par l’automobile, ce sont des technologies qui peuvent être à notre portée, pour peu que la volonté politique et économique soient présentes.
Le déclenchement pourrait probablement venir du projet Desertec qui a pour ambition d’investir 400 milliards d’euros dans la production d’énergie solaire à partir des déserts d’Afrique du Nord et d’Arabie, pour l’acheminer ensuite en Europe. Le projet est pour l’instant en cours d’étude, mais s’il viendrait à se concrétiser, ce serait un véritable tournant dans la production énergétique mondiale, jusque là très dépendante des énergies fossiles. Au Maroc, ce projet pourrait transformer la structure énergétique du pays. D’importateur d’énergie à 98% de ses besoins, le Maroc pourrait alors se transformer en exportateur.
D’ici là, un profond changement de nos habitudes doit s’opérer dans nos déplacements, notre consommation électrique, la gestion de nos déchets… En attendant que les grands de ce monde décident à Copenhagen du visage qu’ils souhaitent donner à cette planète pour les décennies et les siècles à venir.
Si les questions environnementales au Maroc vous intéressent, je vous recommande vivement le blog de M. Taha Balafrej.
Ce billet est une contribution au Blog Action Day, consacré cette année aux changements climatiques.