S’il y a un souvenir commun à (presque) tous les enfants au Maroc, c’est bien celui du passage de l’estafette de police. A sa vue, tout le monde se met à courir, pour une raison qui vous échappe la première fois. Mais tel un réflexe pavlovien, vous vous mettez à courir aussi. Pourquoi? Vous ne le savez pas encore. Mais vous vous apercevez très vite, que seuls les premiers arrivés peuvent compter parmi les plus chanceux. Attroupés autour de l’estafette, les enfants attendent leur tour pour recevoir quelques friandises (hélas jamais suffisantes) des mains des policiers de passage dans le quartier. Ce souvenir est à lui seul suffisant pour expliquer cette relation fusionnelle qui unit les citoyens marocains à leurs policiers bien aimés.
Plus tard dans votre vie d’adulte, vous vous apercevez que nos valeureux policiers sont toujours là pour nous accompagner là où on va, et toujours à vos cotés pour le meilleur comme pour le pire.
Et le pire, dans certaines situations, c’est un accident de la route. Votre premier réflexe est sans doute d’appeler le 19, numéro de nos chers policiers. Et là, la première question qui fuse est à 99% : “Y a-t-il du sang?” “واش كاين الدم؟ “. Si l’on vous pose cette question, ne vous offusquez surtout pas. C’est uniquement pour savoir s’il faut vous envoyer un hélicoptère médicalisé sur le lieu de l’accident. Mais dans tous les cas, les policiers seront présents en moins de 5 minutes (6 au plus), pour vous porter assistance, et recueillir les témoignages en cas de besoin.
Et puis nos valeureux policiers, vous en avez également besoin en cas de vol ou d’agression. Et quand vous vous rendez au commissariat le plus proche, vous êtes systématiquement pris en charge par une cellule de soutien psychologique. Parce que hamdoullah, vous êtes sains et saufs, et que le plus important, c’est que vous soyez vivant. Et puis tout le préjudice matériel, que vous avez subi, ne vaut rien devant le don de la santé et de la vie. Pourquoi déclarer votre vol, et déposer plainte? Pourquoi tant de haine? Dieu le Tout Puissant se chargera de punir ces malfrats!
Car nos bien aimés policiers sont occupés à poursuivre d’autres types de malfrats. Ceux qui risquent de déstabiliser le pays, et d’en faire une nouvelle Tunisie ou Egypte (أعوذ بالله), et qui revendiquent des choses à peine dicibles. Et de l’aveu même de notre Chef de Gouvernement, nos courageux policiers sont parmi les rares au monde à se faire tabasser par les manifestants (que Dieu les jette en enfer).
Aimons les, chérissons les, prenons les dans nos bras, faisons leur des bisous. Ils nous le rendent si bien.