11 business models pour l’open source

Tux Money

Contrairement à ce que beaucoup prétendent, il est bien évidemment possible de faire de l’argent avec des logiciels libres. Certes, cela n’a pas grand chose à avoir avec le business model des logiciels propriétaires (payer une licence contre un droit d’utilisation), mais beaucoup d’entreprises de développement de logiciels libres fonctionnent très bien avec des modèles alternatifs.

Un article de Dana Blankenhorn détaille 11 business models utilisés aujourd’hui par des projets dans des domaines très diverses.

  • Support Ware : L’utilisateur paye une redevance (annuelle le plus souvent) afin de pouvoir bénéficier d’un support technique de la part de l’éditeur (via e-mail ou téléphone). Des entreprises comme Canonical (éditeur d’Ubuntu) ou Redhat fonctionnent sous ce modèle.
  • Product Ware : Vous achetez du matériel qui utilise un logiciel libre. Le prix du matériel est généralement supérieur à sa “vraie valeur”. Le surplus payé sert à financer le développement des logiciels libres qui le font tourner. Ordissimo, Linutop ou Android de Google utilisent ce modèle.
  • Cloud Ware : Le logiciel en client “lourd” est libre d’utilisation, mais vous devez payer pour accéder à la version “cloud” sur Internet. L’argent collecté servira à améliorer les fonctionnalités du logiciel, et tous les utilisateurs récolteront le fruit de leur abonnement. SugarCRM fonctionne exactement sur ce modèle.
  • Project Ware : Vous payez une entreprise pour vous développer un logiciel libre correspondant à vos besoins. IBM est particulièrement présent sur ce créneau.
  • SaaS Ware : Le droit d’utilisation du logiciel en SaaS (Software as a Service) est payé sur une base mensuelle ou annuelle. Vous pouvez ainsi accéder à toutes les fonctionnalités de votre logiciel, sans avoir à installer quoi que ce soit, en utilisant uniquement un navigateur et une connexion Internet. Zoho en est un très bon exemple.
  • Ad Ware : Il s’agit en général d’une version gratuite d’un SaaS. Le logiciel est financé grâce à la publicité.
  • Sugar Daddy Ware : Adossé à une grande entreprise, le logiciel libre bénéficie d’un soutien financier important pour continuer son développement. Eclipse est ainsi adossé à IBM, et OpenOffice à Sun Microsystems.
  • Foundation Ware : Une fondation est en charge du financement du logiciel. Elle collecte des fonds de diverses donateurs et les affecte à ses projets. Google assure par exemple une bonne partie du financement de la Mozilla Foundation, en échange du trafic généré par son navigateur Firefox sur les services de Google (grâce à la barre de recherche du navigateur). Il en est de même pour la Linux Foundation qui développe le noyau Linux, dont se servent par la suite de grosses entreprises comme IBM ou Novell.
  • Beg Ware : Vous n’avez aucune obligation de payer pour utiliser le logiciel, mais vous êtes vivement invités à verser une petite contribution (le plus souvent via Paypal). C’est en général le moyen de financement adopté par de petits projets qui emploient une ou deux personnes.
  • Tchotchke Ware : Vous ne payez rien pour utiliser le logiciel, mais vous pouvez acheter des produits dérivés (T-shirts, mugs, autocollants…) pour aider les développeurs.
  • Let’s Make a Deal Ware : Les développeurs sont totalement bénévoles, et apportent leur aide gracieusement au projet. Ce n’est pas un business model à vrai dire, mais c’est une étape par laquelle passent beaucoup de projets, avant de suivre un des modèles précédemment cités.

Bien entendu, il existe des projets qui utilisent plusieurs de ces modèles à la fois. La pérennité de projet dépendent fortement des moyens financiers dont il dispose, ne serait-ce que pour pouvoir embaucher des développeurs, et payer l’infrastructure technique qui héberge le projet. Les modèle des logiciels propriétaires, basé sur le paiement d’une licence, est condamné à disparaitre, ou au moins à évoluer vers des modèles plus flexibles, et moins contraignants.

Nouvelle Rubrique : Photos

Blonduos, Islande

Si vous êtes un visiteur régulier, vous aurez peut-être remarqué l’ajout d’une rubrique Photos sur le blog. Je partage ainsi quelques photos prises lors de mes voyages. Elles ont été prises avec un Lumix FX-12. Pas une bête de course en somme 🙂

Je devrais ajouter d’autres photos au fur et à mesure.

Toutes les photos sont sous licence Creative Commons BY-NC, ce qui veut dire que vous pouvez librement les utiliser sous réserve de mentionner la source, avec interdiction de les utiliser à des fins commerciales.

J’attends vos commentaires 🙂

Des nouvelles de Lemix, la distribution Linux de l’EMI

Logo Lemix

Lancée en Février 2007, par un petit groupe d’étudiants de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs (EMI), la distribution Lemix avait suscité beaucoup d’intérêt. Elle était d’une part la première distribution Linux marocaine, et répondait d’autre part à un réel besoin d’utilisation de logiciels libres scientifiques dans les universités et les écoles d’ingénieurs marocaines.

Pour présenter brièvement Lemix, il s’agit d’une distribution Linux basée sur Ubuntu et qui a pour vocation de fournir aux étudiants d’universités et d’écoles d’ingénieurs un outil qui rassemble un maximum de logiciels libres scientifiques, tout en s’adaptant au contexte marocain. Une partie des logiciels est traduite en arabe, et un support pour le fameux modem Sagem Fast 800 de Maroc Telecom est offert. Vous trouverez une liste détaillant les logiciels présents, sur une présentation que j’avais effectuée lors de la Linux Party 2007.

Le projet n’a malheureusement pas été repris par les promotions suivantes de l’EMI. Les logiciels et les besoins ont évolué depuis le lancement de la distribution, mais des efforts sont en cours, pour qu’une nouvelle version voit le jour.

Le projet Lemix était hébergé gracieusement par Intermaroc, mais le site a été brutalement suspendu par l’hébergeur. Il n’était donc plus possible depuis quelques mois de télécharger la distribution.

L’image ISO de Lemix est à nouveau disponible sur ce lien.

Pour toute question ou interrogation concernant Lemix, n’hésitez pas à me contacter.

Changements climatiques au Maroc : Ce qui nous attend

Maroc Sécheresse

De part sa position géographique particulière, le Maroc est un des pays les plus vulnérables au changements climatiques dans le monde. Son littoral de 3500 KM, sur lequel sont installés 80% des infrastructures industrielles et énergétiques, peut devenir un grave handicap en cas de remontée du niveau des mers. La sécheresse, devenue récurrente durant les dernières décennies, risque de devenir structurelle. Dans un pays où l’agriculture emploie 40% de la population active, on a de sérieux soucis à se faire. Ajoutez à cela une désertification et une déforestation accentuées, une pollution des nappes phréatiques et l’extermination de dizaines d’espèces animales et végétales.

Les analyses météorologiques au Maroc confirment une augmentation de la température de 0,16°C par décennie, une diminution de la durée des vagues de froid de 11 jours en 45 ans, et une augmentation des vagues de chaleur, en nombre et en durée. Les précipitations se concentrent de plus en plus d’un an, et sont généralement suivies par 3 ou 4 ans de relative sécheresse.

Une prise de conscience commence à émerger, mais dépasse rarement le stade d’intentions, ou de stratégies annoncées en grande pompe. Dans un pays miné par plus de 40% de taux d’analphabétisme, les mentalités sont difficiles à changer.

Mais à quel point le Maroc contribue-t-il au réchauffement climatique? Par définition, toute activité humaine émet du CO2. Un bilan des émissions carboniques réalisé en 1996 a permis d’établir que le marocain émettait en moyenne 1,82 tonnes de CO2 par an. Bien moins qu”un qatari (52 tonnes/an) ou un américain (19 tonnes/an).

En gros, les responsables du réchauffement climatique ne sont pas vraiment au Maroc. Mais on y contribue indéniablement. Un tournant économique important est entrain de se produire, et il serait temps d’en faire partie. Après avoir raté le train de la révolution industrielle, et de la révolution numérique, il ne faudra pas rater celui de la révolution verte. De l’énergie au bâtiment, en passant par l’automobile, ce sont des technologies qui peuvent être à notre portée, pour peu que la volonté politique et économique soient présentes.

Le déclenchement pourrait probablement venir du projet Desertec qui a pour ambition d’investir 400 milliards d’euros dans la production d’énergie solaire à partir des déserts d’Afrique du Nord et d’Arabie, pour l’acheminer ensuite en Europe. Le projet est pour l’instant en cours d’étude, mais s’il viendrait à se concrétiser, ce serait un véritable tournant dans la production énergétique mondiale, jusque là très dépendante des énergies fossiles. Au Maroc, ce projet pourrait transformer la structure énergétique du pays. D’importateur d’énergie à 98% de ses besoins, le Maroc pourrait alors se transformer en exportateur.

D’ici là, un profond changement de nos habitudes doit s’opérer dans nos déplacements, notre consommation électrique, la gestion de nos déchets… En attendant que les grands de ce monde décident à Copenhagen du visage qu’ils souhaitent donner à cette planète pour les décennies et les siècles à venir.

Si les questions environnementales au Maroc vous intéressent, je vous recommande vivement le blog de M. Taha Balafrej.

Ce billet est une contribution au Blog Action Day, consacré cette année aux changements climatiques.

Comparatif des tarifs bancaires au Maroc

Banques Maroc

 


Article gagnant du Maroc Blog Awards 2010, dans la catégorie “Meilleur article de blog de l’année”.

Avec un taux de bancarisation de 40%, le Maroc est classé parmi les premiers pays arabes et africains. Malgré des tarifs souvent jugés élevés, et parfois injustifiés, de plus en plus de marocains ouvrent un compte bancaire pour pouvoir bénéficier de la multitude de services qui y sont associés.

Depuis 2006, un accord entre le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) et Bank Al Maghrib prévoit la gratuité pour certaines opérations basiques comme l’ouverture et la clôture des comptes, délivrance de chéquiers, envoi de relevé de compte mensuel, versement d’espèces…

Une autre obligation concerne la transparence des prix pratiqués. Les agences bancaires sont tenues d’afficher leurs tarifs bancaires dans les agences. Lors de ma tournée dans des agences bancaires de Rabat, elles affichaient toutes clairement ces tarifs, mis à part une agence du CIH, qui affichait des tarifs obsolètes depuis quelques mois… Par contre, la quasi-totalité des banques n’affichent pas le détail des tarifs bancaires sur leurs sites Internet, exception faite de la BMCI et de la SGMB, même s’ils sont difficiles à trouver pour cette dernière. Une mention spéciale tout de même pour le Crédit Agricole qui n’a pas de site web!

Comparer les tarifs bancaires n’est pas du tout aisé. Certaines banques facturent des opérations par unité, d’autres proposent également à leurs clients des packages bancaires incluant les opérations les plus courantes. Par choix de simplicité, j’ai choisi d’ignorer ces packages, et ne traiter que les tarifs des opérations à l’unité.

Pour réaliser un comparatif entre les banques marocaines, j’ai essayé d’établir un profil type de client réalisant un certain nombre d’opérations payantes par an :

  • Frais de tenue de compte.
  • Carte Visa Classic.
  • Un virement classique hors place tous les 3 mois.
  • Un encaissement de chèques tous les 2 mois.
  • 2 retraits GAB dans une banque tierce par mois.
  • Une opposition sur chèque par an.

Faute d’informations suffisantes, je n’ai pas pu inclure les tarifs d’accès aux services web et les frais applicables aux prélèvements bancaires.

Voici donc un aperçu des tarifs pratiqués par les 7 banques comparées : la Banque Populaire (BP), Attijariwafa Bank (AWB), la Société Générale Marocaine des Banques (SGMB), le Crédit du Maroc (CdM), la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE), la Banque Marocaine pour le Commerce et l’Industrie (BMCI), et le Crédit Agricole du Maroc (CAM).  Tous ces tarifs sont Hors Taxes.

Tableau Tarifs Bancaires Maroc

Graphe Tarifs Bancaires

On relève donc que la Banque Populaire (BP) est la banque la moins chère, tandis que la BMCI est la plus chère selon ce comparatif.

Ces disparités s’expliquent surtout par des raisons de stratégie commerciale. La BP ou le Crédit Agricole du Maroc (CAM), se sont traditionnellement orientées vers une clientèle populaire souhaitant avoir accès à des services basiques facturés à des prix abordables. D’autres continuent à pratiquer des prix plus élevés afin de sélectionner des clients plus aisés et ayant des dépôts plus importants.

Il est à noter que d’autres établissement bancaires comme la Banque Postale ou la Trésorerie Générale du Royaume appliquent des prix encore plus bas, mais ne proposent que des services bancaires réduits au minimum. C’est la raison pour laquelle ils n’ont pas été inclus dans ce comparatif. Il n’est par exemple pas possible d’obtenir de carte bancaire chez ces 2 établissements.

Pour conclure, il apparait clairement que les tarifs restent tout de même élevés pour un pays comme le Maroc qui vise à bancariser 60% de sa population en 2013. Beaucoup de banques dans le monde appliquent aujourd’hui des tarifs bancaires très bas, ne facturent plus de frais de tenue de compte, et appliquent uniquement des frais annuels aux détenteurs de cartes bancaires. Le but de ces banques est de surtout attirer les dépôts (en domiciliant les salaires par exemple), et de les utiliser pour des activités plus rémunératrices comme l’octroi des crédits ou l’investissement sur les marchés financiers. Au vu de leurs résultats financiers annuels exceptionnels, nos banques pourraient faire un effort, non?

Wikitravel Project – Morocco

Chefchaouen

Lancé en 2003, le projet Wikitravel a pour principe de rassembler et de fournir un maximum d’informations sur des destinations touristiques partout dans le monde. Basé sur un modèle similaire à celui de Wikipedia, il rassemble aujourd’hui des informations sur plus de 22 000 destinations dans le monde en 18 langues. Wikitravel a reçu en 2007 un Webby pour le meilleur site de voyage dans le Monde.

Consulter la page Wikitravel de leur destination est devenu un réflexe pour beaucoup de voyageurs, juste avant de boucler leur valise, ne serait ce que pour connaitre le meilleur moyen de regagner le centre ville depuis l’aéroport, d’avoir une idée sur les endroits à visiter, ou des meilleurs cafés ou restaurants de la ville.

Où en est le plus-beau-pays-du-monde dans tout cela? Ben à la traine. Comme d’habitude diraient les mauvaises langues. Mis à part les pages en anglais concernant le Maroc, Casablanca, et Marrakech, les autres articles sont plutôt pauvres en informations, voire inexistants pour beaucoup de villes. Pire encore, aucun article en langue arabe concernant le Maroc. Il serait temps de réparer cette injustice, et de faire valoir les atouts de nos villes sur ce formidable outil.

Comment faire? J’ai rassemblé sur cette page une liste de pages de villes marocaines en 4 langues (arabe, français, anglais et espagnol). Certaines sont déjà créées, d’autres pas. Vous pouvez aller sur la page de votre ville natale, celle de votre ville de résidence, ou tout simplement celle d’une ville que vous connaissez bien. Libre à vous ensuite d’ajouter des informations sur la ville, en prenant modèle sur des pages déjà existantes, et bien fournies. Donnez un brève présentation de la ville, un aperçu historique, les principaux lieux et monuments à visiter, ainsi qu’une idée sur ses meilleurs cafés, restaurants et hôtels, classés si possible par catégories de prix.

On prendra modèle sur les pages de Lille [fr], de Bratislava [en], et de Sevilla [es]. Les pages en arabe sont encore dans un état embryonnaire. Pourquoi ne pas donner l’exemple par des pages du Maroc alors?

Voici une liste non exhaustive des villes marocaines que l’on trouve sur Wikitravel. N’hésitez pas à en créer des nouvelles et m’en informer pour que je puisse les ajouter sur la liste.

PS : Une page en arabe de la république sahraouie fantôme figure parmi la liste des pays. Rétablissons les vérités historiques 🙂

Configuration du Sagem Fast 800 de Menara sous Ubuntu : Changement de paramètres

Les abonnés de Maroc Telecom, utilisateurs de Ubuntu, et connectés avec un modem Sagem Fast 800 ont eu beaucoup de mal à se connecter ces derniers jours. Et pour cause, notre cher opérateur national a changé, sans avertir, ses paramètres de connexion.

Il faut désormais choisir le PPOE comme méthode d’encapsulation, au lieu du PPOA.

Si vous utilisez cette interface pour configurer votre connexion, je vous propose de migrer vers un outil beaucoup plus convivial.

Sagem Fast 800
Il s’agit de UbuDSL qui dispose d’une interface très simple à utiliser et riche en fonctionnalités.

UbudslIl dispose également d’un applet, qui permet de voir à partir de la barre de tâche l’état de la connexion. Il est même plus riche que l’outil traditionnellement livré sous Windows.

Pour modifier les paramètres par défaut de Maroc Telecom, choisissez de personnaliser les paramètres, et sélectionnez le protocole PPOE au lieu du PPOA. Les VPI et VCI restent inchangés à 8 et 35.

UbuDSL Menara

PS : J’ai essayé de joindre les développeurs pour qu’ils effectuent ces modifications dans les paramètres par défaut, mais il semble que le projet a été temporairement suspendu. Dommage pour un logiciel d’une telle qualité.

Le Bonheur National Brut au lieu du PIB?

Bike Copenhagen

Lors d’un récent voyage dans les pays scandinaves, une chose m’avait tout de suite marquée. A tout heure de la journée, quoi qu’il fasse comme météo, et partout où on allait, les gens arboraient de grands sourires. En enchainant les conversations, dans les trains, les auberges de jeunesse, les restaurants ou les terrasses de cafés, on se rendait compte tout de suite que c’est un peuple heureux! Et puis c’est vrai, à chaque fois qu’il y avait des classements de PIB, de développement humain, de corruption, de liberté d’expression, les pays scandinaves caracolaient en tête… Mais une question se pose alors. Pourquoi dans d’autres pays, qui disposent des PIB les plus élevés par habitants (Cf Classement), les gens ne sont pas aussi heureux. Ne nous a pas tant vanté les effets de l’augmentation de la richesse par habitant sur le bonheur des peuples? Ou est-ce que l’argent ne fait vraiment pas le bonheur?

Ceux qui prennent le métro parisien chaque jour savent bien à quel point les gens peuvent avoir un bon niveau de vie, satisfaire à tous leurs besoins vitaux, sans pour autant être heureux. On lit rarement autre chose que de la morosité sur le visage d’un parisien dans le métro…

Le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuk, a compris cela il y a bien longtemps, et a décidé en 1972 que le bonheur national brut (BNB) sera désormais un concept plus important que le PIB dans les statistiques nationales du Bhoutan. Là aussi une question se pose. Comment calculer le bonheur d’une nation? Quels critères retenir, et comment les pondérer dans l’indice final? Le Bhoutan, qui est, rappelons le, un pays bouddhiste, a choisi quatre indicateurs pondérés équitablement dans l’indice : croissance et développement économique, conservation et promotion de la culture, sauvegarde de l’environnement et utilisation raisonnable des ressources naturelles, et la bonne gouvernance raisonnable. Le BNB est donc pour la monarchie bhoutanaise un moyen d’orienter la politique du pays vers une croissance raisonnable et respectant les ressources naturelles, ainsi que la défense d’une forte identité culturelle.

Au Bhoutan, l’école est de qualité, le système de santé et gratuit et ouvert à tous, et vivre en paix avec la nature fait partie intégrante de la culture locale. Il se trouve que ces 3 composantes sont également la clé de voute du système scandinave. Les habitants ont un niveau très élevé d’éducation, le système de couverture santé est parmi les meilleurs au Monde, et le respect de la nature fait partie intégrante de la vie quotidienne en Scandinavie. Tous les sites naturels sont ouverts à la population au nom du “Droit d’accès à la nature“. Ces 3 composantes sont elles suffisantes à un bonheur national?

Une étude de l’University of South California a démontré qu’une fois qu’un certain niveau de revenu minimum était atteint, il n’y avait plus de progression dans le bonheur. Pour preuve, l’étude mentionne que malgré la progression spectaculaire du PIB par habitant depuis la 2ème guerre mondiale, le niveau de bonheur n’a pas augmenté. En revanche, à l’intérieur d’une même société, les gens les plus riches paraissent les plus heureux. Ces résultats concluent au fait que dans les sociétés qui ont atteint un certain niveau d’éducation et de santé, le bonheur ne dépend donc pas uniquement de la richesse individuelle, mais surtout de la richesse par rapport aux autres membres de la société.

Et c’est justement là où les pays scandinaves excellent. Les écarts entre riches et pauvres sont relativement minimes. Et il est dans la culture locale de ne jamais se montrer hautain ou supérieur aux autres. Il est très mal vu de vanter ou de montrer ses richesses, ou d’en parler. Tout le monde se fond dans la masse. Le matin, pour aller au travail, beaucoup utilisent leurs bicyclettes. Et impossible de distinguer l’ouvrier du ministre (pour ne pas dire du prince).  C’est peut-être cela qui fait que le modèle scandinave est unique. Et c’est peut-être aussi pour cela qu’ils sont si heureux. Certains diront même, qu’ils sont tellement heureux, qu’ils s’ennuient à mort. Une vie sans problèmes, ça manque de piment… Et le taux de suicide élevé dans ces pays n’est certainement pas étranger à ce facteur…

Et le Maroc dans tout ça? Nous avons le système éducatif et le système de santé que l’on connait, et le respect de l’environnement commence à peine à entrer dans les moeurs. Les disparités sociales sont flagrantes. Jamais l’écart entre les plus riches et les plus pauvres n’a été aussi élevé. Et pourtant, je n’ai jamais eu le sentiment que le Maroc est un pays où les gens sont malheureux. Pour une raison à mon avis : la religion.  Les gens apprennent à être satisfait du peu qu’ils ont, en attendant des jours meilleurs. Mais là, c’est un autre débat…

Ich bin ein 9%!

Telquel Couverture

Élégante manière de célébrer une décennie de règne de Mohammed VI. Le ministère de l’intérieur a ordonné la saisie des derniers numéros des magazines Telquel et Nichane. La raison invoquée : un sondage réalisé par LMS-CSA réalisé pour Telquel, Nichane et Le Monde a révélé que 91% des marocains jugent satisfaisant ou très satisfaisant le bilan de 10 ans de règne de Mohammed VI. Le Monde devrait d’ailleurs publier ce sondage dans son édition datée du Mardi 4 Aout 2009.

Le makhzen semble offusqué par l’idée de voir l’action du roi jugée par les citoyens. Et c’est le professeur de Droit Constitutionnel, militant communiste du PPS, et actuel ministre de la Communication qui le confirme : “La monarchie au Maroc n’est pas en équation et ne peut faire l’objet d’un débat même par voie de sondage”. Le plus étrange dans l’histoire, et comme le souligne si bien Larbi, c’est que le Matin du Sahara, n’hésitait pas il y a quelques mois à inciter ses lecteurs à voter pour le roi du Maroc dans un sondage organisé par un magazine arabe. Hoba Hoba Spirit ne croyaient pas si bien dire en traitant le Maroc de Blade Schizo…

Dès que le nouvelle était tombée hier après midi, la Blogoma, et surtout la Twitoma ont été extrêmement réactifs, et un mouvement de “Je suis un 9%” est né. On trouve désormais des bannières, un hashtag sur Twitter, et un groupe Facebook.

9 pour cent

Un autre débat commence également à surgir autour du slogan “Je suis un 9%”. Veut-il dire qu’on juge négatif le bilan de 10 ans de règne de Mohammed VI, ou bien qu’on est pour la liberté de la presse?

Dans mon cas, mon jugement de la décennie de règne, reste très mitigé. Il y a eu beaucoup d’avancées dans tous les domaines, mais énormément d’occasions ratées en une décennie. Le débat est très large en tout cas… Le fait pour moi d’adhérer au mouvement “Je suis un 9%” souligne surtout que je suis pour la liberté d’expression, et pour que les marocains puissent juger celui qui les gouverne vraiment, et qui concentre la quasi-totalité des pouvoirs entre ses mains.

EDIT : Une dépêche de l’AFP donne le détail des chiffres du sondage.

Scandale électoral à Oujda

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=ty4UM2AL3FY[/youtube]

Après 2 semaines de feuilletons électoraux cuits à toutes les sauces (politiques) pour élire les conseils des villes, un scandale électoral digne d’un film d’Emir Kusturica a lieu en ce moment même à Oujda.

Pour résumer l’histoire, le scrutin du 12 Juin a conduit 4 formations politiques au Conseil de la Ville : le PJD (21 sièges), le MP (14 sièges), l’Istiqlal (13 sièges) et le PAM (16 sièges). Un accord initial entre le PJD et le MP prévoyait une coalition pour gouverner la ville, et barrer la route au maire sortant, M. Haddouch (PAM), qui a le soutien de Omar Hjira (Istiqlal), frère de Taoufik Hjira, ministre de l’Habitat.

Le jour de l’élection du Conseil, le pacha d’Oujda, lève la séance illico-presto faute de quorum. Des conseillers arrivent légèrement en retard, mais il refuse de les comptabiliser. Les protestations fusent, et le PJD est accusé par ses opposants de “séquestrer” les élus du MP. Le Procureur du Roi se déplace au domicile d’un élu PJD, et constate lui même que les élus du MP sont libres de leurs mouvements, et qu’ils se sont réfugiés chez l’élu du PJD pour préserver leur intégrité physique, et d’éviter de subir des pressions de la part de l’Istiqlal et du PAM. On emmène tout le monde au poste pour prendre leurs déclarations, mais ils subissent également un interrogatoire des Renseignements Généraux.

Les RG leur posent un tas de questions, sur leur passé et sur leur activités politiques. D’après le témoignage de l’élue MP, Fadoua Manouni (vidéo ci-dessus), ils essaient par tous les moyens de l’intimider, et de la dissuader de voter PJD. Son interlocuteur évoque un “ordre royal” d’empêcher l’élection d’un maire PJD pour Oujda. Il accuse également les élus PJD d’appartenir à des cellules terroristes…. Fadoua Manouni persiste, et son interlocuteur la menace de révéler des “photos compromettantes” qu’il possèderait de l’élue si elle refuse de coopérer. N’ayant rien à se reprocher, elle s’entête, et refuse de se soumettre.

L’affaire a pris une très grande dimension. Les chefs des partis politiques impliqués se sont déplacés à Oujda, et le SG du PJD, M. Benkirane a demandé un arbitrage royal pour départager les partis. Une nouvelle séance de vote est prévue ce Vendredi 3 Juillet.

Pour résumer, le Makhzen utilise tous les moyens possibles et imaginables pour empêcher les islamistes de diriger Oujda, et utilise sa marionnette PAM pour arriver à ses fins. Les urnes ont donné le PJD largement gagnant, et la moindre des choses serait de respecter la logique démocratique, et de laisser faire les alliances entre partis, et surtout laisser les RG loins de tout ça. N’y a-t-il pas assez de voyous à surveiller dans les villes? 🙂

Je propose un nouveau slogan pour les campagnes de communication du Ministère de l’Intérieur lors des prochaines élections :

“Votez. On s’occupe de tout, vous s’occupez de rien.”

Edit : M. Omar Hjira a été élu maire d’Oujda grâce au soutien de son parti (Istiqlal), du PAM, et du MP. Les pressions du Makhzen sur le MP ont donc fini par payer… Pour la démocratie (la vraie), revenez plus tard…