Et si l’argent du foot allait à la recherche scientifique?

Football Maroc

Ceux qui me connaissent bien, savent à quel point je suis allergique et ignorant dans le domaine du foot. Un exemple simple pour l’illustrer. Il y a quelques semaines, des amis discutaient devant moi du transfert d’un certain Ronaldo. J’étais un petit peu étonné, car le Ronaldo que je connais était devenu quelque peu âgé, après avoir remporté les Coupes du Monde en 1994 et 2002 et avoir perdu celle de 1998. Sauf que j’apprenais, à ma grande stupeur, qu’il existait un homonyme qui était plutôt de nationalité portugaise et que tous les clubs rêvaient d’avoir dans leurs rangs. C’est vous dire que je suis vraiment un cas désespéré dans ce domaine…

Mais quand j’ai entendu qu’un fonds spécial (encore un…), doté de 250 millions de DH, allait être créé pour soutenir le foot au Maroc, je me suis posé beaucoup de questions, et je me suis intéressé de près au sujet.

J’ai appris entre autres, que le sélectionneur national, M. Roger Lemerre, gagnait 37500 Euros par mois (en devises bien sûr), et que pour rompre le contrat prématurément, la Fédération devrait verser 20 millions de DH d’indemnités.

J’apprends par même occasion que les stades en construction à Tanger et Marrakech vont coûter respectivement 850 millions et 1 milliard de DH au contribuable. Au total, une enveloppe budgétaire de 4,6 milliards de DH a été allouée à la construction de nouveaux stades au Maroc.

Dans un pays, où 15% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où 40% de la population est analphabète, et où le taux de chômage est de 10% (officiellement, mais tout le monde sais qu’il est beaucoup plus élevé…), cet argent ne pouvait-il pas servir à autre chose?

La MAP nous apprend que le football au Maroc est “un facteur de cohésion sociale, de convivialité et d’unité autour des valeurs marocaines”. Au point d’y consacrer des milliards de DH, pour les résultats que l’on connait? N’y a-t-il pas d’autres domaines ou valeurs qui réunissent les marocains?

Les pays qui planifient leur avenir à long terme, pensent plutôt à investir dans la recherche scientifique, dans l’éducation de leurs enfants… Le sport est très important dans le développement des sociétés, c’est indéniable. Mais au point d’y consacrer des sommes aussi conséquentes, dans un pays qui en a besoin ailleurs, et où on des gens meurent encore de froid?

Le financement du sport devrait plutôt se faire à un niveau beaucoup plus bas : construire des équipements sportifs de proximité, encourager la pratique du sport pour toutes les tranches d’âges, promouvoir le sport universitaire (autre que les courses à pied et le foot!). Laissons les clubs se financer par du sponsoring (ils se débrouillent bien, non?).

Quand je lis qu’en 2009, 69 millions de DH ont été consacrés à l’investissement dans la recherche scientifique, et que d’un autre coté, 250 millions de DH sont consacrés au foot, je suis pronfondément choqué. Et pas du tout rassuré pour l’avenir de mon pays.

Islande : Terre de feu, de glace et de banqueroute

Il y a de ces pays dont le charme et la beauté ne peuvent pas laisser indifférent. A la première occasion offerte de visiter l’Islande, je n’ai pas hésité un seul instant. Je rêvais depuis longtemps de visiter cette terre de miracles géologiques, et d’admirer le beau soleil de minuit. J’ai donc acheté mon billet d’avion 4 jours avant le départ, et pour donner plus de charme à ce séjour d’une semaine, je n’ai absolument rien préparé, mis à part l’achat d’un Guide du Routard pour l’Islande. Les meilleurs voyages sont ceux que l’on prépare le moins!

Une fois arrivé à Reykjavik, je découvre une capitale qui n’en donne vraiment pas l’air. Très peu de circulation, même en heures de pointe, des bâtiments pas plus hauts que 3 étages, des lacs et des espaces verts partout, et aucune trace de pauvreté ou de quartier défavorisé! Bienvenue dans la capitale la plus paisible du Monde!

Mais on fait vite le tour des attractions touristiques et des musées, et on décide de louer une voiture pour faire le tour d’Islande en 5 jours. Le pays est connu pour ses merveilles géologiques, et ses paysages à couper le souffle. Il faut très vite sortir de la capitale pour découvrir ces merveilles. Et je ne fut pas déçu.

En 2000 Km de route, on a pu voir des fjords, des volcans (actifs et inactifs), des lacs volcaniques, de la lave pétrifiée, des glaciers, un lac parsemé de glace, des lacs bleus naturellement chauffés, des geyser, des sources d’eau chaude, des cheminées volcaniques, de la boue bouillante, des cascades vertigineuses … Bref, tout ce qui peut rappeler la vraie place de l’Homme sur cette Terre : On n’est que très peu de choses face à ces forces de la nature.

L’Islande est un pays aussi grand que la Corée du Sud, mais beaucoup moins peuplé : 300 000 islandais, contre 50 millions de Sud Coréens! 70% des habitants sont concentrés autour de la capitale, ce qui laisse quasi-désertes des régions entières du pays. Le développement économique de l’Islande est intéressant à étudier. Le pays a le ratio PIB/habitant le plus élevé au Monde (chiffres de 2007), et 70% du PIB du pays proviennent de la pêche et de l’élevage. Au début des années 90, le pays a décidé d’évoluer directement vers une économie de services, sans passer par une étape d’industrialisation. Le secteur financier a donc fortement émergé, et a conduit les financiers à développer des produits de plus en plus sophistiqués, sans vraiment en mesurer les risques. Un des exemples de ces produits, qui a conduit le pays directement à la faillite en 2008, est celui des emprunts immobiliers libellés en Yen japonais. Durant une dizaine d’années, les taux d’intérêt au Japon ont été très bas (de l’ordre de 1%). Les financiers islandais ont voulu profiter de ces taux avantageux, et proposer aux ménages islandais de souscrire à des emprunts immobiliers en Yen. Le seul risque que supporteraient les ménages, serait le risque de fluctuation des taux de change entre la couronne islandaise et le Yen japonais. Les banquiers avaient sous-estimés ce risque, et croyaient que la couronne islandaise pouvait résister à tous types de crises et de fluctuations. Les marchés de change leur ont donné tort. La monnaie islandaise a perdu 60% de sa valeur en l’automne 2008, ce qui a conduit à une explosion des traites mensuelles des ménages islandais. Beaucoup sont devenus incapables de payer, et les banques se sont retrouvées en faillite. L’Etat a été obligé de racheter 3 des plus grandes banques du pays, pour éviter un effondrement total de l’économie, et a dû accepter une aide du FMI et d’autres pays européens (y compris de la Pologne!).  En quelques mois, l’Islande est passée du statut d’un pays prospère, au statut de nation au bord de la faillite.

Mais malgré tout, les islandais gardent le moral, et ont confiance en l’avenir. Fiers de leur pays, jamais vous n’entendrez un islandais se plaindre de la situation (et surtout pas devant un étranger), et restent très confiants quant à la capacité du pays à s’en sortir. Après tout, ils survivent bien à un hiver où ils ne voient la lumière du jour que pendant 2 à 3 heures quotidiennement 🙂

PS : N’hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements sur le voyage, ou pour obtenir une des photos du slideshow en haut en taille originale.

Victoire électorale du parti de l’ami du Roi

Elections Maroc

Source : L’Express

Le Front de la Défense des Institutions Démocratiques (FDIC), créé il y a un an, et dirigé par M. Ahmed Réda Guedira, ami proche du Roi, a gagné les élections de 1963, en obtenant la majorité des sièges au cours d’élections qui se sont tenues ce vendredi sur tout le territoire marocain. Le FDIC auquel se sont ralliés plusieurs membres d’autres partis politiques à la veille des élections, a pour programme électoral le renforcement du processus démocratique, et l’application d’un ensemble de réformes économiques visant à promouvoir l’emploi et à la création de richesses qui bénéficieraient à tous les citoyens marocains. Le FDIC est donc déclaré grand gagnant de ces élections face aux socialistes et à l’Istiqlal. Le Ministère de l’Intérieur a déclaré que les élections se sont passées dans d’excellentes conditions, et sans incident notoire. Les partis de l’opposition ont réclamé l’ouverture d’enquêtes, suite à des cas de fraude. Le procureur du Roi a décidé l’ouverture d’une information judiciaire établir la véracité de ces propos.

Vous voulez jouer à une petit jeu? Remplacez FDIC par PAM, 1963 par 2009, Réda Guedira par Fouad Ali El Himma, et le tour est joué. L’Histoire n’est-elle pas un éternel recommancement? Vous n’y comprenez rien? C’est pas grave. Personne ne sait comment un parti vieux d’un an a pu couvrir 60% des circonscriptions, et comment ils ont pu gagner 20% des sièges… Tout ce qu’on sait, c’est que le PAM s’est défini dans les milieux ruraux et péri-urbains, comme le parti du Roi. Et comme personne ne veut être contre le Roi, les électeurs votent forcément PAM…

Le PAM a voulu être le trublion du paysage politique marocain, et c’est bien réussi. Reste à connaître maintenant leur plan pour les années à venir. Les élections législatives de 2012? On applique la même recette, et c’est dans la poche.

Tout ce que j’espère maintenant, c’est que les livres d’histoire ne parleront pas un jour d’un “printemps marocain” qui aura duré 10 ans.

Pour le reste, circulez, il n’y a rien à voir. Et rendez-vous dans 20, 30 ou 40 ans. Peut-être…

De la Chabatisation de la vie politique au Maroc

Elections au Maroc

En cette période de campagne électorale pour les élections municipales, où les idées et les programmes devraient s’affronter, on assiste encore une fois à un débat (voire à un combat) de très bas niveau. On est devenus habitués à des politiciens à la limite du “voyoutisme”, et qui forgent à coup de déclarations incendiaires, de mercenaires payés à l’heure, ou d’actes politiques spectaculaires à la limite du ridicule, une réputation de héros des temps modernes, dans un monde ou l’élite politique est en proie à la déchéance. Les prédicateurs de ce “courant” sont connus et reconnus. Ils jouissent d’une aura locale, souvent issue d’affaires juteuses, de milices de mercenaires bien connues des habitants de ces villes, et d’une soif de pouvoir sans commune mesure.

J’ai pu voter pour la première fois lors des élections municipales de 2003. C’étaient les premières élections municipales organisées sous le nouveau règne, et on nous promettait les élections les plus transparentes de l’histoire du Maroc. Ce qui revient à dire que la voix des citoyens sera respectée à la lettre. A l’issue du scrutin, les observateurs étaient unanimes à dire que les élections étaient effectivement libres et démocratiques. Sauf que les magouilles se sont passées ailleurs : lors de la constitution des Conseils des villes. A Rabat par exemple, l’USFP était classé premier, mais n’avait pas de majorité absolue pour gouverner la ville. Il devait donc s’allier avec d’autres partis pour constituer une majorité. Sauf que TOUS les autres partis politiques (mis à part le PPS) se sont alliés  pour constituer une majorité. Rabat s’est donc retrouvée gérée par une coalition de MP-Istiqlal-PJD. Une chimère politique qui ne ressemble à rien… Résultat, la gestion de la ville est catastrophique, et un rapport de la Cour des Comptes est accablant pour le maire Bahraoui. Le rapport relève, entre autres, que le conseil de la ville a créé 700 emplois fictifs!

A Fès, la gestion de la ville par M. Chabat n’a guère été meilleure. Il a également été accablé pour mauvaise gestion par la Cour des Comptes. Des dépenses non justifiées de 2 milliards de DH ont été constatées par la Cour! Non M. Chabat, il ne suffit pas de couvrir la ville de fontaines pour dire que la gestion a été exemplaire! Le désormais spécialiste des boutades à la marocaine, jouit d’une aura sans précédent. Ses sorties médiatiques lui ont valu d’être constamment à la Une ces dernières semaines, et le débat politique sincère en souffre beaucoup. Une vidéo qui a beaucoup circulé sur Internet suffira à vous convaincre que ce monsieur ne fait qu’assurer le spectacle à défaut d’autre chose.

Supposons que ce monsieur devienne un jour Secrétaire Général de l’Istiqlal, et que celui-ci gagne les élections. Supposons également que la logique démocratique soit appliquée à la lettre. Il devrait donc logiquement être désigné comme Premier Ministre. Qu’aura-t-on à faire? Moi en tout cas, j’ai déjà choisi un endroit paisible pour un exil volontaire : L’île des Sanafir (si, si, ça existe!). En espérant qu’il n’y ait pas de Sanfour Chabat parmi la population indigène de l’île…

Mais le véritable phénomène cette année, est incontestablement le PAM. Ce parti sorti de nul part (enfin si quand même…), et qui réussit, après moins d’un an d’existence à couvrir 60% des circonscriptions, devançant l’Istiqlal du haut de ses 66 ans d’existence. Comment peut-on réussir une telle “performance” sans attirer les opportunistes et les arrivistes de tout bord. Que peut-on espérer des élus d’un parti qui dénonce l’application de la Loi? La question à se poser maintenant : quels sont les plans du Makhzen autour du PAM. Personne aujourd’hui ne peut se vanter d’avoir une réponse à cette question, tellement les enjeux sont flous, et les évènements de plus en plus incohérents et imprévisibles. Les secrets du Makhzen sont encore une fois impénétrables…

Que faire alors le 12 Juin? Voter en espérant influer un tout petit peu sur le cours des choses, ou s’abstenir et laisser les vendeurs de voix faire leur marché, et récupérer l’autre paire de babouche tant convoitée, ou l’autre moitié de la coupure de billet de 200 DH? Un avis très personnel me pousse tout de même à préférer la première solution. Si on ne veut pas voter pour un programme ou une personne en particulier, on peut tout de même faire son choix pour le moins mauvais des candidats, ne serait que pour barrer la route à ces voyous qui nous pourissent tant la vie…

Microfinance au Maroc : Quelles perspectives de développement?

Microfinance au Maroc

Il y a quelques mois, je devais choisir un sujet pour mon mémoire de recherche académique, étape indispensable pour l’obtention de mon diplôme. L’exercice est souvent douloureux, vus les vastes domaines proposés par l’école, et que le choix du sujet doit traiter d’une problématique précise et pertinente. Mon choix s’est vite orienté vers la microfinance, mais sous quel angle le traiter?

Je suis tombé sur un classement des institutions de microfinance (IMF) réalisé par le magazine Forbes. Et à mon grand étonnement, trois IMF marocaines étaient classées dans le Top 12 mondial! Pour une fois que ce n’était pas la MAP qui nous l’annonçait! J’ai poussé mes investigations, et j’ai constaté que dans de très nombreux rapports internationaux, l’expérience marocaine en microfinance (qui a une quinzaine d’années) est citée comme exemple de développement. Mais le secteur connaissait quelques problèmes de développement liés à divers facteurs, mais qui étaient communs à plusieurs expériences dans différents pays. Mon choix a donc été de traiter des perspectives de développement de la microfinance au Maroc.

J’ai donc entrepris des contacts avec des IMF marocaines, et j’ai pu aller sur le terrain avec des agents du microcrédit pour constater de fait ce qui se faisait sur le terrain, et comprendre les attentes et les motivations des bénéficiaires. J’étais vraiment impressionné de l’étendue de l’organisation et des moyens mis en place par ces associations. Les bénéficiaires étaient demandeurs, qu’ils soient éleveurs, artisans, petits commerçants… Et les chiffres sont là : plus d’un million de bénéficiaires (dont deux tiers de femmes) et 5 milliards de DH d’encours de crédit. Loin d’en faire des riches, le microcrédit permettait surtout à des pauvres de lever la tête, de développer des revenus complémentaires à des activités qu’ils exercent déjà, et d’améliorer leur niveau de vie.

Sauf que la croissance dans le secteur a été tellement rapide entre 2004 et 2007, que des problèmes avaient fini par apparaitre. Le taux de remboursement qui était jusqu’en 2007 de 99%, a brutalement chuté à 95%, et la 2ème IMF au Maroc, Zakoura, a connu de graves problèmes de gestion, ce qui a mené à son absorption par la Fondation de Banque Populaire pour le Microcrédit, pour éviter sa faillite, et une grave crise de confiance dans le secteur.

Ce qui m’a intrigué dans l’expérience de la microfinance au Maroc, c’est que l’État a très peu intervenu dans le développement du secteur. Il n’a fait que ce qu’on lui a demandé, à savoir un cadre légal approprié, qui permet un développement et un fonctionnement transparent. Preuve que la société civile peut beaucoup faire, même en l’absence d’un soutien actif de l’État. Des garde-fous ont été instaurés pour éviter des débordements et des dysfonctionnements, comme ceux observés en Amérique Latine ou en Inde. Compartamos, une des plus grandes IMF au Mexique a été introduite en bourse, et a connu un succès phénoménal. L’IMF était tellement profitable, que la valeur de ses titres se sont envolés en bourse. Et puis c’est bien connu, les pauvres remboursent très bien, et ils sont tellement nombreux, qu’on peut faire beaucoup d’argent sur leur dos. Les IMF au Maroc, de part leurs statuts d’associations, ne sont pas (encore) tombés dans ce piège. Certes, elles aspirent un jour à devenir des banques mutuelles (ou associatives), mais on en est pas encore là. Leurs missions de développement et d’accompagnement social sont étroitement surveillées par des conseils d’administration indépendants. Elles sont même allées jusqu’à baisser leurs taux d’intérêts ces dernières années, ce qui est unique dans le monde!

La microfinance ne peut être en aucun cas LA solution pour sortir des milliers de gens de la pauvreté, mais un des leviers d’accompagnement. Le rôle de l’État reste primordial. Sans investissements massifs dans l’éducation, les infrastructures, la santé, l’habitat social, la pauvreté ne fera qu’augmenter, et l’écart entre les plus riches et les plus pauvres ne pourra qu’exploser.

Pour ceux qui s’intéressent plus au sujet, je mets à votre disposition le mémoire en PDF.

Bonne lecture!

Qui veut devenir ambassadeur du Maroc au Palau?

Décidément, la diplomatie marocaine ne finira jamais de nous étonner. Un communiqué de notre agence nationale libre et indépendante (MAP), nous apprend que le Maroc allait établir des relations diplomatiques avec la République du Palau. Pour ceux qui n’ont aucune idée d’où se trouve ce pays, ni à quoi ça ressemble, je vous en fait une brève présentation.

Carte Palau

Le Palau est un archipel situé dans l’Océan Pacifique au large de l’Indonésie, les Philippines et la Papouasie Nouvelle Guinée. État de 20 000 habitants, il était un territoire sous tutelle américaine, jusqu’à son indépendance en 1994. Le pays vit de tourisme, d’agriculture et de pêche.  Voila, vous savez tout maintenant sur le Palau.

Revenons  au communiqué de la MAP. Le Maroc et le Palau “se déclarent pleinement persuadés que l’établissement de ces relations diplomatiques sur la base de l’égalité, l’indépendance, l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires internes des États correspond aux intérêts des deux pays et renforcera la paix et la sécurité internationales”.

Oui, vous avez bien lu : La paix et la sécurité internationales. Un pays moins peuplé que la charmante ville d’Erfoud, sera notre allié pour renforcer la Paix dans le Monde. On se croirait devant un discours de Miss Monde fraichement élue!

Mme la Ministre des Affaires Etrangères du Palau ajoute également que son pays ” contribuera à résoudre le différend régional sur le Sahara”. Là où on s’est cassé la tête pendant 35 ans pour trouver une solution, on n’attendait que le soutien du Palau pour s’en sortir.

Honnêtement, je ne vois qu’une seule explication à cette blague, le Maroc cherche à tout prix à augmenter le nombre des pays le soutenant dans l’affaire du Sahara, quitte à chercher des pays de la taille d’un village. On veut faire du chiffre et c’est tout. Et on annoncera tout fièrement aux marocains que le nombre des pays soutenant le Maroc dans sa cause nationale a encore augmenté d’un ou deux pays.

On rompt nos relations diplomatiques avec des pays de la taille et de l’importance de l’Iran, à cause de “gamineries diplomatiques”. On n’arrive pas à s’entendre avec nos voisins de l’Est, et on maintient nos frontières fermées depuis 15 ans. On est faché avec la moitié des pays africains, et on ne siège plus à l’Union Africaine depuis 25 ans. Et qu’est ce qu’on fait pendant ce temps? Ben, on envoie un ambassadeur au Palau.

Palau

Sauf si on veut offrir un job de rêve à une peronnalité marocaine pour “Services rendus à la Nation”. Un job tellement plus prestigieux que le meilleur job au Monde, car on ne fait pas que surveiller les poissons et les albatros, mais qu’on est tout de même Ambassadeur! Et qui d’autre que notre bien aimé Premier Ministre mériterait une retraite anticipée au Palau ? 🙂

Google Maroc piraté!

Google Maroc

Ce matin, et pendant quelques heures, les internautes marocaines se connectant au domaine google.co.ma, tombaient sur un message étrange, signalant que Google Maroc était piraté! Et Bizarrement,  www.google.co.ma fonctionnait toujours.

Les pirates, très probablement pakistanais, auraient piraté le compte administrateur de domain.ma, propriété de MTDS, et qui gère le NIC local de Google au Maroc. Le site redirigeait ensuite vers un serveur hébergé au Texas.

Bref, du beau barbouillage de DNS tout ça!

Sources : Zataz et MarocInfo

Le Maroc déclaré “Régime autoritaire”

Democracy

Le très sérieux The Economist a publié une étude portant sur les démocraties dans le Monde. Et le constant est sans appel : le Maroc est classé au 120ème rang (sur 167 pays étudiés) dans la catégorie “Régimes autoritaires”. Le classement s’est basé sur 5 critères : Processus électoral et pluralisme, Fonctionnement du gouvernement, Participation politique, Culture politique, et enfin Libertés civiles.

Sans surprise, ce sont les pays scandinaves qui trustent les premières positions (mais qu’est ce qu’ils doivent s’ennuyer là-bas alors!), les Etats-Unis 18ème et la France 24ème.

L’Espagne et le Portugal qui étaient jusqu’au milieu des années 70 sous une dictature miltaire, sont classés respectivement à la 15ème et 25ème place. L’Afrique du Sud,  sous le régime de l’Apartheid jusqu’en 1990 est à la 31ème position. Le Chili, dictature sous Pinochet jusqu’à la fin des années 80 est à la 32 ème place.

Le Maroc est donc derrière le Cap Vert (34), le Timor Leste (47), le Sri Lanka (57), la Mongolie (58), le Lesotho (71), l’Albanie (81), le Mali (83), Palestine (85), le Sénégal (93)…

Dans le voisinage de notre classement, on a de la bonne compagnie. Celle de nos frères arabes qu’on aime tant. Celle de l’Iraq (116), la Jordanie (117), la Mauritanie (118), l’Egypte (119), le Koweit (129), le Bahrain (130), l’Algérie (133), la Tunisie (141)…

Un joli pied de nez à tous ceux qui déclarent le Maroc comme un oasis de démocratie et un modèle pour tous les pays cherchant leur voie démocratique.

Le cocotier a vraiment besoin d’être secoué…

Livremoi.ma : Un futur Amazon marocain?

Livremoi.ma

J’ai pu découvrir aujourd’hui, un site qui offre un service devenu banal dans beaucoup de pays, mais qui manquait cruellement au Maroc. Il s’agit de Livremoi.ma, site de vente de livres par Internet. Le site affiche une bannière “En construction”, mais contient déjà un catalogue très riche. Les livres sont essentiellement en langue française, mais je suis toujours à la recherche d’un livre dans une langue différente! Très vite, j’ai eu envie de comparer les services de Livremoi.ma avec ceux de Amazon, auquel je suis habitué en France.

Tout d’abord, les prix. Ceux affichés par Livremoi.ma sont de 10 à 30% supérieurs à ceux d’Amazon. En France, une loi impose (comme pour les médicaments) un prix fixe aux livres, et ne laisse que 5% comme marge de manœuvre aux distributeurs. La plupart utilisent ces  5% comme moyen d’attirer et fidéliser les clients. Mais pourquoi des prix aussi élevés chez Livremoi.ma? A ma connaissance, les livres sont exonérés de droits de douane au Maroc. Il y a sûrement des coûts logistiques, mais je serais étonné d’apprendre qu’ils soient aussi élevés. Le seul argument qui me paraît défendable, serait celui des économies d’échelle. Amazon applique surtout une stratégie de quantité plutôt que de prix. Les marges sont faibles, mais largement compensées par la quantité phénoménale de livres vendus. Ce n’est pas du tout le cas au Maroc. Le marocain moyen lit très peu, et on ne peut donc compter sur des ventes importantes pour s’assurer une viabilité économique. Mais adapter le prix des livres au pouvoir d’achat des marocains, pourrait peut-être attirer plus de clients lecteurs.

Autre point essentiel, le paiement. Le site est un des premiers au Maroc à offrir la possibilité de payer par carte bancaire. Il utilise la plateforme de Maroc Télécommerce et du CMI. Le client peut également payer par chèque ou virement. Sur ce point, rien à dire, le site est à la pointe de ce qui se fait ailleurs dans le Monde.

Un autre volet, est celui de la livraison. Les clients d’Amazon apprécient particulièrement la possibilité de livraison gratuite à domicile dans un délai de 2 à 7 jours. C’est ce qui a d’ailleurs fait son succès en France. Chez Livremoi.ma les délais sont plus longs (1 à 4 semaines), et la livraison est facturée à 30 Dh. Les livres peuvent cependant être retirés, sans frais supplémentaires, du siège social de la société à Casablanca.

Dernières remarques sur le site lui même. Le design est très (trop?) basique, et les fonctionnalités limitées au strict minimum. Le site est basé sur Zen Cart, un CMS pour sites de e-commerce. Le rendre plus attractif, et plus convivial ne pourrait qu’attirer plus de clients.

En conclusion, je m’interroge sur la vraie valeur ajoutée du projet. Qu’est ce qui pousserait un lecteur lambda à acheter chez Livremoi.ma plutôt que chez son libraire habituel? Les prix ne sont pas particulièrement attractifs. De plus, il faudrait payer des frais de livraison, et attendre quelques semaines pour recevoir son livre. Deux raisons me paraissent envisageables : le catalogue semble important, et on pourrait y trouver des livres qu’on ne trouve pas dans les librairies au Maroc. Ensuite, un client qui habite loin des grandes agglomérations serait très intéressé par ce service. Il n’aura plus à se déplacer pour acheter les livres qu’il cherche, et sera livré chez lui.

Livremoi.ma a-t-il de l’avenir dans un pays où on lit peu? J’espère sincèrement que oui.

PS : Aux gestionnaires du site. Pensez à ajouter les livres de cuisine de Choumicha. Ca ne peut faire que du bien à votre chiffre d’affaires 🙂

Et si l’étude de “Notre ami le roi” était progammée au lycée?

Notre ami le roi

J’ai terminé cette semaine la lecture du fameux “Notre ami le roi” de Gilles Perrault, et je crois sincèrement qu’il fait partie d’un des meilleurs livres écrits sur le Maroc des années de plomb. Il y a de cela quelques années, j’avais lu “Lords of Atlas, the Rise and Fall of Glaoua” (Glaoui, Dernier Seigneur de l’Atlas) de Gavin Maxwell, qui raconte la montée en puissance, puis la déchéance des deux frères Thami et Madani Glaoui, qui ont façonnés, à leur manière, l’histoire du Maroc et des zones qu’ils gouvernaient. Ces deux livres représentent pour moi, les meilleurs témoignages de ce que fut le Maroc du XXème siècle.

Ma première lecture sur les années de plomb fut en 2000 (j’avais 16 ans à l’époque). Il s’agissait des mémoires de Mohamed Raïs sur le bagne de Tazmamart qui paraissaient quotidiennement sur les colonnes d’Al Ittihad al Ichtiraki. Il m’arrivait souvent d’assister à des conversations sur les violations des droits de l’homme, les kidnapping, les tortures… Mais avant de lires les mémoires de Raïs, jamais je n’aurais imaginé que des gens avaient pu vivre dans des conditions pareilles pendant plus de 18 ans. J’ai pu lire ensuite divers livres, articles et témoignages sur ces années de plomb. La lecture de “Notre ami le roi” ne m’a pas apporté d’informations sensiblement nouvelles par rapport à ce que j’avais lu avant (mis à part quelques détails et anecdotes), mais c’est surtout l’effet de bombe qu’il a eu à l’époque de sa parution qui me fascine. Certains disent que sans la parution de ce livre, les prisonniers de Tazmamart auraient passés quelques années supplémentaire dans ce terrible bagne, et que le régime aurait continué ses exactions sans être inquité…

L’émission “Chahid 3ala l3asr” actuellement diffusée sur Al Jazeera, suscite un fort engouement ces dernières semaines au Maroc. Le témoignage de Ahmed Marzouki, l’ex-détenu de Tazmamart, relate avec beaucoup de talent, des détails sur la tentative de putsch en 1971, ainsi que son séjour dans le terrible bagne désertique. Les marocains ont, pour la première fois, l’occasion de voir sur leurs télés (ou plutôt sur celle du Qatar…), une personne raconter avec autant de détails ce qu’elle a pu endurer comme souffrances durant une vingtaine d’années.

Cet engouement se justifie surtout par une chose : on connaît mal notre histoire moderne, et on a très envie de la connaître. Mis à part une poignée de marocains, qui ont lu les quelques livres témoins des années de plomb, peu de gens connaissent les détails de ce coté obscur de notre histoire. Mais alors que nous enseigne-t-on à l’école? Mes souvenirs de cours d’histoire et géographie de collège et lycée me rappellent qu’on avait surtout parlé (en vrac) de Massinissa, Juba II, la politique des barrages au Maroc, l’économie de la Libye et que, surtout, toutes les dynasties marocaines étaient incroyablement puissantes avec des royaume qui s’étendaient du fleuve Sénégal jusqu’aux environs de Madrid (Jdoudna kanou s7a7, merci Hoba). Bon j’exagère un peu, il y avait aussi des cours intéressants, mais essayez de faire un tour dans un lycée marocain, et demandez aux étudiants de vous citer les dates des deux tentatives de putsch contre Hassan II, de vous décrire qui était Oufkir ou Dlimi, ou de vous parler de Mehdi Ben Barka. Très peu pourront le faire. Pourtant, une des recommandations de l’Instance Equité et Reconciliation, était bien de “construire une mémoire collective”.

Par où commencer? Les manuels scolaires surement. Que les lycéens sachent ce qui s’est vraiment passé pendant plus de 40 ans au Maroc. Que des gens ont été emprisonnés, torturés, kidnappés, tués, à la défense de certains idéaux (certes pas toujours très démocratiques). Le Maroc d’aujourd’hui est en partie façonné par ce qui s’est passé pendant ces années de plomb. Le comprendre reviendrait à déchiffrer des évènements, pas toujours connus du grand public, qui se sont passés il y a 20 ou 30 ans. Éviter que cela ne se reproduise un jour, reviendrait à bien assimiler les leçons du passé.

Et si on programmait la lecture de “Notre ami le roi” au lycée? Certes, le livre comporte des détails intimes de la vie du sérail qui n’ont pas vraiment leur importance pour l’Histoire. Mais épuré de certains passages, ce livre est un rare concentré d’histoire du Maroc,  de l’indépendance à 1990, écrit dans un style très fluide, et facilement abordable. Ce n’est peut-être aujourd’hui qu’une utopie, mais qui sait?

Je terminerai par cette phrase de Feu Driss Benzekri : « Il s’agit non pas seulement de partager la connaissance et la réappropriation du passé mais aussi de faire surgir dans le présent et le débat contradictoire, des normes et des règles communes de vivre et bâtir ensemble le futur… ». A bon entendeur…

PS : Quelqu’un sait si le livre est toujours interdit au Maroc? Est-il en vente libre dans les librairies?