Un beau matin. Un email d’invitation tombé de je ne sais où. Un email qui a des airs de spam. Et hop, “Report as a spam”. Stoooop! Le gars ne semble pas demander de l’argent. Ca change un peu des ministres nigériens tombés en disgrâce et qui vous proposent de les aider à transférer leur fortune personnelle, en échange d’une (grosse) commission. Sauf que là, ca ressemble à une invitation à une conférence. Sous les tropiques. Organisée par des allemands. Ca a l’air sérieux tout ça! Je confirme? Mouais. Le billet d’avion qui arrive. C’est donc vraiment sérieux leur truc?! Pour résumer, un célèbre institut allemand, The Konrad Adenauer Stiftung, avec une université sud-africaine, Rhode’s University’s Sol Plaatje Institute, invitent un marocain en Tanzanie pour discuter de la régulation des blogs. C’est quand même beau la mondialisation!
Mais il y a de ces pays dont on appréhende la visite. Beaucoup de préjugés qui traversent l’esprit. Les moustiques, la guerre, l’humidité, la malaria, l’eau non potable, les coupures d’électricité… Mouais. Mais ca existe surtout dans les JT tout cela. Deuxième voyage en Afrique sub-saharienne donc, après un inoubliable voyage au Sénégal, il y a une dizaine d’années. Arrivé à Dar es Salaam, les préjugés sont très vite balayés. La Tanzanie n’a jamais connu de guerre depuis son indépendance (et son union entre Tanganyka et Zanzibar), il n’y a pas plus de moustiques là-bas qu’au Maroc, l’humidité y est très supportable et le climat franchement bon, et les bouteilles d’eau minérales sont en vente partout. Pas de panique donc.
L’Africa Media Leadership Conference rassemble une belle brochette de professionnels de médias en Afrique, surtout ceux de la partie anglophone. On y discute des nouveaux business models de media houses, d’opportunités de développement des médias en Afrique, et de l’évolution de la régulation dans les différents pays africains. La discussion sur la régulation des blogs a réuni le kenyan Daudi Were, le camerounais Dibussi Tande, le tanzanien Ndesanjo Macha, et votre serviteur marocain. Il a surtout été question d’un éventuel rôle de l’Etat dans la régulation des blogs. Une unanimité s’est dégagé sur le rôle très important de l’auto-régulation et de laisser la justice faire son travail en cas de dépassements (diffamation…) A supposer bien sûr que le pouvoir judiciaire est complètement indépendant de l’exécutif. On garde quand même en tête que l’Etat saoudien comptait imposer aux blogueurs d’obtenir une autorisation du ministère d’information pour pouvoir s’exprimer sur Internet, avant qu’il ne fasse marche arrière devant la colère des internautes saoudiens. Le ridicule ne tue pas…
Cette messe de médias africains, m’a surtout permis de constater qu’on est très loin derrière en matière de liberté de la presse. Contrairement à ce qu’affirme notre bien-aimé ministre de la communication, le Maroc est très loin d’être un oasis de liberté d’expression. Même les pays d’Afrique sub-saharienne nous devancent largement. “Combien de chaines de télévisions hertziennes avez vous au Maroc?” me demande un journaliste kenyan. “Deux chaines. Et toutes les deux appartiennent à l’Etat. Et au Kenya?” “14 chaines, dont une seule appartient à l’Etat”. J’avais juste envie de me cacher sous la moquette. Même en Afrique, le Makhzen nous fout la honte. Tfou.
Après la conférence, il était temps de découvrir à quoi ressemble la Tanzanie. Dar es Salaam d’abord. Ville chaotique de 4 millions d’habitants. Difficile de lui trouver un quelconque charme. Le plus frappant dans cette ville, c’est ses embouteillages. Même en Chine, je n’avais pas vu de pareils bouchons. Attendre une bonne heure à 7h du matin sur un bouchon de 10 Km n’a rien d’exceptionnel. Et le plus étonnant dans l’histoire, c’est le flegme des dar-es-salaamiens. Ils conduisent plutôt bien, respectent les feux rouges, n’utilisent que rarement leurs klaxons. Sans doute un héritage des colons britanniques. Nos ex-colons à nous, ne nous ont pas si bien éduqués en la matière… Ou comme dirait l’adage “فاقد الشيء لا يعطيه”
Ensuite Zanzibar. Sublime archipel à 70 Km de Dar es Salaam, la population y est à grande majorité musulmane. Plaque tournante du commerce des épices, l’île garde une empreinte marquée de la présence arabe. Jusqu’aux années 60, Zanzibar était gouvernée par les sultans d’Oman, avant qu’une “révolution” ne transfère le pouvoir à la population locale. Une balade dans les rues de Stone Town, et vous voila transporté dans une ambiance XVIIème siècle, avec des commerçants un peu partout, des artisans dans leur échoppes, de magnifiques bâtiments influencés par les architectures arabes, indiennes et africaines. Et pour couronner le tout, d’interminables plages de sable blanc fin, bordées de cocotiers sur une mer turquoise. Une petite Fès au bord de l’Océan Indien. Hamid Chabat s’y plairait bien.
Mais comment aller en Tanzanie sans tenter l’expérience d’un safari. Petit arrangement avec une agence de voyage locale, et me voila à 300 Km de la capitale au Mikumi National Park. Je m’attendais à trouver un gigantesque parc avec un enclos, et des animaux qui vivaient dedans. Une sorte de zoo géant. En fait pas du tout. Les animaux vivent dans la nature, loin de toute présence humaine. Les humains n’ont d’ailleurs pas trop intérêt à vivre à proximité de lions. La seule trace de civilisation, est une route nationale qui traverse le parc. Tiens, des girafes qui traversent la route. Un panneau qui indique la présence d’éléphants. Au fait, il ressemble à nos fameux panneaux triangulaires indiquant la présence de vaches. Sauf que c’est un éléphant qui est dessiné dans le triangle. Pas compliqué.
Dès qu’on sort de la route, on retrouve d’autres scènes de la vie animale. Des gnous, des zèbres, des éléphants, des girafes, des hippopotames, des antilopes, des lions. Et puis des scènes dignes des meilleurs documentaires de National Geographic. Comme ce groupe de lionnes qui attendent patiemment au bord du lac l’arrivée de zèbres et de gnous venus se désaltérer. Et ces vautours qui attendent impatiemment la fin du carnage avant même qu’il n’ait commencé. Fascinante vie animale.
Welcome to Tanzania! Ou Karibu Tanzania en kiswahli.
Un grand merci à un fidèle lecteur de ce blog, sans qui ce voyage n’aurait pas été possible.
Vous trouverez une sélection de photos sur l’album Tanzanie