Des nouvelles de Lemix, la distribution Linux de l’EMI

Logo Lemix

Lancée en Février 2007, par un petit groupe d’étudiants de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs (EMI), la distribution Lemix avait suscité beaucoup d’intérêt. Elle était d’une part la première distribution Linux marocaine, et répondait d’autre part à un réel besoin d’utilisation de logiciels libres scientifiques dans les universités et les écoles d’ingénieurs marocaines.

Pour présenter brièvement Lemix, il s’agit d’une distribution Linux basée sur Ubuntu et qui a pour vocation de fournir aux étudiants d’universités et d’écoles d’ingénieurs un outil qui rassemble un maximum de logiciels libres scientifiques, tout en s’adaptant au contexte marocain. Une partie des logiciels est traduite en arabe, et un support pour le fameux modem Sagem Fast 800 de Maroc Telecom est offert. Vous trouverez une liste détaillant les logiciels présents, sur une présentation que j’avais effectuée lors de la Linux Party 2007.

Le projet n’a malheureusement pas été repris par les promotions suivantes de l’EMI. Les logiciels et les besoins ont évolué depuis le lancement de la distribution, mais des efforts sont en cours, pour qu’une nouvelle version voit le jour.

Le projet Lemix était hébergé gracieusement par Intermaroc, mais le site a été brutalement suspendu par l’hébergeur. Il n’était donc plus possible depuis quelques mois de télécharger la distribution.

L’image ISO de Lemix est à nouveau disponible sur ce lien.

Pour toute question ou interrogation concernant Lemix, n’hésitez pas à me contacter.

Changements climatiques au Maroc : Ce qui nous attend

Maroc Sécheresse

De part sa position géographique particulière, le Maroc est un des pays les plus vulnérables au changements climatiques dans le monde. Son littoral de 3500 KM, sur lequel sont installés 80% des infrastructures industrielles et énergétiques, peut devenir un grave handicap en cas de remontée du niveau des mers. La sécheresse, devenue récurrente durant les dernières décennies, risque de devenir structurelle. Dans un pays où l’agriculture emploie 40% de la population active, on a de sérieux soucis à se faire. Ajoutez à cela une désertification et une déforestation accentuées, une pollution des nappes phréatiques et l’extermination de dizaines d’espèces animales et végétales.

Les analyses météorologiques au Maroc confirment une augmentation de la température de 0,16°C par décennie, une diminution de la durée des vagues de froid de 11 jours en 45 ans, et une augmentation des vagues de chaleur, en nombre et en durée. Les précipitations se concentrent de plus en plus d’un an, et sont généralement suivies par 3 ou 4 ans de relative sécheresse.

Une prise de conscience commence à émerger, mais dépasse rarement le stade d’intentions, ou de stratégies annoncées en grande pompe. Dans un pays miné par plus de 40% de taux d’analphabétisme, les mentalités sont difficiles à changer.

Mais à quel point le Maroc contribue-t-il au réchauffement climatique? Par définition, toute activité humaine émet du CO2. Un bilan des émissions carboniques réalisé en 1996 a permis d’établir que le marocain émettait en moyenne 1,82 tonnes de CO2 par an. Bien moins qu”un qatari (52 tonnes/an) ou un américain (19 tonnes/an).

En gros, les responsables du réchauffement climatique ne sont pas vraiment au Maroc. Mais on y contribue indéniablement. Un tournant économique important est entrain de se produire, et il serait temps d’en faire partie. Après avoir raté le train de la révolution industrielle, et de la révolution numérique, il ne faudra pas rater celui de la révolution verte. De l’énergie au bâtiment, en passant par l’automobile, ce sont des technologies qui peuvent être à notre portée, pour peu que la volonté politique et économique soient présentes.

Le déclenchement pourrait probablement venir du projet Desertec qui a pour ambition d’investir 400 milliards d’euros dans la production d’énergie solaire à partir des déserts d’Afrique du Nord et d’Arabie, pour l’acheminer ensuite en Europe. Le projet est pour l’instant en cours d’étude, mais s’il viendrait à se concrétiser, ce serait un véritable tournant dans la production énergétique mondiale, jusque là très dépendante des énergies fossiles. Au Maroc, ce projet pourrait transformer la structure énergétique du pays. D’importateur d’énergie à 98% de ses besoins, le Maroc pourrait alors se transformer en exportateur.

D’ici là, un profond changement de nos habitudes doit s’opérer dans nos déplacements, notre consommation électrique, la gestion de nos déchets… En attendant que les grands de ce monde décident à Copenhagen du visage qu’ils souhaitent donner à cette planète pour les décennies et les siècles à venir.

Si les questions environnementales au Maroc vous intéressent, je vous recommande vivement le blog de M. Taha Balafrej.

Ce billet est une contribution au Blog Action Day, consacré cette année aux changements climatiques.

Comparatif des tarifs bancaires au Maroc

Banques Maroc

 


Article gagnant du Maroc Blog Awards 2010, dans la catégorie “Meilleur article de blog de l’année”.

Avec un taux de bancarisation de 40%, le Maroc est classé parmi les premiers pays arabes et africains. Malgré des tarifs souvent jugés élevés, et parfois injustifiés, de plus en plus de marocains ouvrent un compte bancaire pour pouvoir bénéficier de la multitude de services qui y sont associés.

Depuis 2006, un accord entre le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) et Bank Al Maghrib prévoit la gratuité pour certaines opérations basiques comme l’ouverture et la clôture des comptes, délivrance de chéquiers, envoi de relevé de compte mensuel, versement d’espèces…

Une autre obligation concerne la transparence des prix pratiqués. Les agences bancaires sont tenues d’afficher leurs tarifs bancaires dans les agences. Lors de ma tournée dans des agences bancaires de Rabat, elles affichaient toutes clairement ces tarifs, mis à part une agence du CIH, qui affichait des tarifs obsolètes depuis quelques mois… Par contre, la quasi-totalité des banques n’affichent pas le détail des tarifs bancaires sur leurs sites Internet, exception faite de la BMCI et de la SGMB, même s’ils sont difficiles à trouver pour cette dernière. Une mention spéciale tout de même pour le Crédit Agricole qui n’a pas de site web!

Comparer les tarifs bancaires n’est pas du tout aisé. Certaines banques facturent des opérations par unité, d’autres proposent également à leurs clients des packages bancaires incluant les opérations les plus courantes. Par choix de simplicité, j’ai choisi d’ignorer ces packages, et ne traiter que les tarifs des opérations à l’unité.

Pour réaliser un comparatif entre les banques marocaines, j’ai essayé d’établir un profil type de client réalisant un certain nombre d’opérations payantes par an :

  • Frais de tenue de compte.
  • Carte Visa Classic.
  • Un virement classique hors place tous les 3 mois.
  • Un encaissement de chèques tous les 2 mois.
  • 2 retraits GAB dans une banque tierce par mois.
  • Une opposition sur chèque par an.

Faute d’informations suffisantes, je n’ai pas pu inclure les tarifs d’accès aux services web et les frais applicables aux prélèvements bancaires.

Voici donc un aperçu des tarifs pratiqués par les 7 banques comparées : la Banque Populaire (BP), Attijariwafa Bank (AWB), la Société Générale Marocaine des Banques (SGMB), le Crédit du Maroc (CdM), la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE), la Banque Marocaine pour le Commerce et l’Industrie (BMCI), et le Crédit Agricole du Maroc (CAM).  Tous ces tarifs sont Hors Taxes.

Tableau Tarifs Bancaires Maroc

Graphe Tarifs Bancaires

On relève donc que la Banque Populaire (BP) est la banque la moins chère, tandis que la BMCI est la plus chère selon ce comparatif.

Ces disparités s’expliquent surtout par des raisons de stratégie commerciale. La BP ou le Crédit Agricole du Maroc (CAM), se sont traditionnellement orientées vers une clientèle populaire souhaitant avoir accès à des services basiques facturés à des prix abordables. D’autres continuent à pratiquer des prix plus élevés afin de sélectionner des clients plus aisés et ayant des dépôts plus importants.

Il est à noter que d’autres établissement bancaires comme la Banque Postale ou la Trésorerie Générale du Royaume appliquent des prix encore plus bas, mais ne proposent que des services bancaires réduits au minimum. C’est la raison pour laquelle ils n’ont pas été inclus dans ce comparatif. Il n’est par exemple pas possible d’obtenir de carte bancaire chez ces 2 établissements.

Pour conclure, il apparait clairement que les tarifs restent tout de même élevés pour un pays comme le Maroc qui vise à bancariser 60% de sa population en 2013. Beaucoup de banques dans le monde appliquent aujourd’hui des tarifs bancaires très bas, ne facturent plus de frais de tenue de compte, et appliquent uniquement des frais annuels aux détenteurs de cartes bancaires. Le but de ces banques est de surtout attirer les dépôts (en domiciliant les salaires par exemple), et de les utiliser pour des activités plus rémunératrices comme l’octroi des crédits ou l’investissement sur les marchés financiers. Au vu de leurs résultats financiers annuels exceptionnels, nos banques pourraient faire un effort, non?

Wikitravel Project – Morocco

Chefchaouen

Lancé en 2003, le projet Wikitravel a pour principe de rassembler et de fournir un maximum d’informations sur des destinations touristiques partout dans le monde. Basé sur un modèle similaire à celui de Wikipedia, il rassemble aujourd’hui des informations sur plus de 22 000 destinations dans le monde en 18 langues. Wikitravel a reçu en 2007 un Webby pour le meilleur site de voyage dans le Monde.

Consulter la page Wikitravel de leur destination est devenu un réflexe pour beaucoup de voyageurs, juste avant de boucler leur valise, ne serait ce que pour connaitre le meilleur moyen de regagner le centre ville depuis l’aéroport, d’avoir une idée sur les endroits à visiter, ou des meilleurs cafés ou restaurants de la ville.

Où en est le plus-beau-pays-du-monde dans tout cela? Ben à la traine. Comme d’habitude diraient les mauvaises langues. Mis à part les pages en anglais concernant le Maroc, Casablanca, et Marrakech, les autres articles sont plutôt pauvres en informations, voire inexistants pour beaucoup de villes. Pire encore, aucun article en langue arabe concernant le Maroc. Il serait temps de réparer cette injustice, et de faire valoir les atouts de nos villes sur ce formidable outil.

Comment faire? J’ai rassemblé sur cette page une liste de pages de villes marocaines en 4 langues (arabe, français, anglais et espagnol). Certaines sont déjà créées, d’autres pas. Vous pouvez aller sur la page de votre ville natale, celle de votre ville de résidence, ou tout simplement celle d’une ville que vous connaissez bien. Libre à vous ensuite d’ajouter des informations sur la ville, en prenant modèle sur des pages déjà existantes, et bien fournies. Donnez un brève présentation de la ville, un aperçu historique, les principaux lieux et monuments à visiter, ainsi qu’une idée sur ses meilleurs cafés, restaurants et hôtels, classés si possible par catégories de prix.

On prendra modèle sur les pages de Lille [fr], de Bratislava [en], et de Sevilla [es]. Les pages en arabe sont encore dans un état embryonnaire. Pourquoi ne pas donner l’exemple par des pages du Maroc alors?

Voici une liste non exhaustive des villes marocaines que l’on trouve sur Wikitravel. N’hésitez pas à en créer des nouvelles et m’en informer pour que je puisse les ajouter sur la liste.

PS : Une page en arabe de la république sahraouie fantôme figure parmi la liste des pays. Rétablissons les vérités historiques 🙂

Configuration du Sagem Fast 800 de Menara sous Ubuntu : Changement de paramètres

Les abonnés de Maroc Telecom, utilisateurs de Ubuntu, et connectés avec un modem Sagem Fast 800 ont eu beaucoup de mal à se connecter ces derniers jours. Et pour cause, notre cher opérateur national a changé, sans avertir, ses paramètres de connexion.

Il faut désormais choisir le PPOE comme méthode d’encapsulation, au lieu du PPOA.

Si vous utilisez cette interface pour configurer votre connexion, je vous propose de migrer vers un outil beaucoup plus convivial.

Sagem Fast 800
Il s’agit de UbuDSL qui dispose d’une interface très simple à utiliser et riche en fonctionnalités.

UbudslIl dispose également d’un applet, qui permet de voir à partir de la barre de tâche l’état de la connexion. Il est même plus riche que l’outil traditionnellement livré sous Windows.

Pour modifier les paramètres par défaut de Maroc Telecom, choisissez de personnaliser les paramètres, et sélectionnez le protocole PPOE au lieu du PPOA. Les VPI et VCI restent inchangés à 8 et 35.

UbuDSL Menara

PS : J’ai essayé de joindre les développeurs pour qu’ils effectuent ces modifications dans les paramètres par défaut, mais il semble que le projet a été temporairement suspendu. Dommage pour un logiciel d’une telle qualité.

Ich bin ein 9%!

Telquel Couverture

Élégante manière de célébrer une décennie de règne de Mohammed VI. Le ministère de l’intérieur a ordonné la saisie des derniers numéros des magazines Telquel et Nichane. La raison invoquée : un sondage réalisé par LMS-CSA réalisé pour Telquel, Nichane et Le Monde a révélé que 91% des marocains jugent satisfaisant ou très satisfaisant le bilan de 10 ans de règne de Mohammed VI. Le Monde devrait d’ailleurs publier ce sondage dans son édition datée du Mardi 4 Aout 2009.

Le makhzen semble offusqué par l’idée de voir l’action du roi jugée par les citoyens. Et c’est le professeur de Droit Constitutionnel, militant communiste du PPS, et actuel ministre de la Communication qui le confirme : “La monarchie au Maroc n’est pas en équation et ne peut faire l’objet d’un débat même par voie de sondage”. Le plus étrange dans l’histoire, et comme le souligne si bien Larbi, c’est que le Matin du Sahara, n’hésitait pas il y a quelques mois à inciter ses lecteurs à voter pour le roi du Maroc dans un sondage organisé par un magazine arabe. Hoba Hoba Spirit ne croyaient pas si bien dire en traitant le Maroc de Blade Schizo…

Dès que le nouvelle était tombée hier après midi, la Blogoma, et surtout la Twitoma ont été extrêmement réactifs, et un mouvement de “Je suis un 9%” est né. On trouve désormais des bannières, un hashtag sur Twitter, et un groupe Facebook.

9 pour cent

Un autre débat commence également à surgir autour du slogan “Je suis un 9%”. Veut-il dire qu’on juge négatif le bilan de 10 ans de règne de Mohammed VI, ou bien qu’on est pour la liberté de la presse?

Dans mon cas, mon jugement de la décennie de règne, reste très mitigé. Il y a eu beaucoup d’avancées dans tous les domaines, mais énormément d’occasions ratées en une décennie. Le débat est très large en tout cas… Le fait pour moi d’adhérer au mouvement “Je suis un 9%” souligne surtout que je suis pour la liberté d’expression, et pour que les marocains puissent juger celui qui les gouverne vraiment, et qui concentre la quasi-totalité des pouvoirs entre ses mains.

EDIT : Une dépêche de l’AFP donne le détail des chiffres du sondage.

Scandale électoral à Oujda

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=ty4UM2AL3FY[/youtube]

Après 2 semaines de feuilletons électoraux cuits à toutes les sauces (politiques) pour élire les conseils des villes, un scandale électoral digne d’un film d’Emir Kusturica a lieu en ce moment même à Oujda.

Pour résumer l’histoire, le scrutin du 12 Juin a conduit 4 formations politiques au Conseil de la Ville : le PJD (21 sièges), le MP (14 sièges), l’Istiqlal (13 sièges) et le PAM (16 sièges). Un accord initial entre le PJD et le MP prévoyait une coalition pour gouverner la ville, et barrer la route au maire sortant, M. Haddouch (PAM), qui a le soutien de Omar Hjira (Istiqlal), frère de Taoufik Hjira, ministre de l’Habitat.

Le jour de l’élection du Conseil, le pacha d’Oujda, lève la séance illico-presto faute de quorum. Des conseillers arrivent légèrement en retard, mais il refuse de les comptabiliser. Les protestations fusent, et le PJD est accusé par ses opposants de “séquestrer” les élus du MP. Le Procureur du Roi se déplace au domicile d’un élu PJD, et constate lui même que les élus du MP sont libres de leurs mouvements, et qu’ils se sont réfugiés chez l’élu du PJD pour préserver leur intégrité physique, et d’éviter de subir des pressions de la part de l’Istiqlal et du PAM. On emmène tout le monde au poste pour prendre leurs déclarations, mais ils subissent également un interrogatoire des Renseignements Généraux.

Les RG leur posent un tas de questions, sur leur passé et sur leur activités politiques. D’après le témoignage de l’élue MP, Fadoua Manouni (vidéo ci-dessus), ils essaient par tous les moyens de l’intimider, et de la dissuader de voter PJD. Son interlocuteur évoque un “ordre royal” d’empêcher l’élection d’un maire PJD pour Oujda. Il accuse également les élus PJD d’appartenir à des cellules terroristes…. Fadoua Manouni persiste, et son interlocuteur la menace de révéler des “photos compromettantes” qu’il possèderait de l’élue si elle refuse de coopérer. N’ayant rien à se reprocher, elle s’entête, et refuse de se soumettre.

L’affaire a pris une très grande dimension. Les chefs des partis politiques impliqués se sont déplacés à Oujda, et le SG du PJD, M. Benkirane a demandé un arbitrage royal pour départager les partis. Une nouvelle séance de vote est prévue ce Vendredi 3 Juillet.

Pour résumer, le Makhzen utilise tous les moyens possibles et imaginables pour empêcher les islamistes de diriger Oujda, et utilise sa marionnette PAM pour arriver à ses fins. Les urnes ont donné le PJD largement gagnant, et la moindre des choses serait de respecter la logique démocratique, et de laisser faire les alliances entre partis, et surtout laisser les RG loins de tout ça. N’y a-t-il pas assez de voyous à surveiller dans les villes? 🙂

Je propose un nouveau slogan pour les campagnes de communication du Ministère de l’Intérieur lors des prochaines élections :

“Votez. On s’occupe de tout, vous s’occupez de rien.”

Edit : M. Omar Hjira a été élu maire d’Oujda grâce au soutien de son parti (Istiqlal), du PAM, et du MP. Les pressions du Makhzen sur le MP ont donc fini par payer… Pour la démocratie (la vraie), revenez plus tard…

Et si l’argent du foot allait à la recherche scientifique?

Football Maroc

Ceux qui me connaissent bien, savent à quel point je suis allergique et ignorant dans le domaine du foot. Un exemple simple pour l’illustrer. Il y a quelques semaines, des amis discutaient devant moi du transfert d’un certain Ronaldo. J’étais un petit peu étonné, car le Ronaldo que je connais était devenu quelque peu âgé, après avoir remporté les Coupes du Monde en 1994 et 2002 et avoir perdu celle de 1998. Sauf que j’apprenais, à ma grande stupeur, qu’il existait un homonyme qui était plutôt de nationalité portugaise et que tous les clubs rêvaient d’avoir dans leurs rangs. C’est vous dire que je suis vraiment un cas désespéré dans ce domaine…

Mais quand j’ai entendu qu’un fonds spécial (encore un…), doté de 250 millions de DH, allait être créé pour soutenir le foot au Maroc, je me suis posé beaucoup de questions, et je me suis intéressé de près au sujet.

J’ai appris entre autres, que le sélectionneur national, M. Roger Lemerre, gagnait 37500 Euros par mois (en devises bien sûr), et que pour rompre le contrat prématurément, la Fédération devrait verser 20 millions de DH d’indemnités.

J’apprends par même occasion que les stades en construction à Tanger et Marrakech vont coûter respectivement 850 millions et 1 milliard de DH au contribuable. Au total, une enveloppe budgétaire de 4,6 milliards de DH a été allouée à la construction de nouveaux stades au Maroc.

Dans un pays, où 15% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où 40% de la population est analphabète, et où le taux de chômage est de 10% (officiellement, mais tout le monde sais qu’il est beaucoup plus élevé…), cet argent ne pouvait-il pas servir à autre chose?

La MAP nous apprend que le football au Maroc est “un facteur de cohésion sociale, de convivialité et d’unité autour des valeurs marocaines”. Au point d’y consacrer des milliards de DH, pour les résultats que l’on connait? N’y a-t-il pas d’autres domaines ou valeurs qui réunissent les marocains?

Les pays qui planifient leur avenir à long terme, pensent plutôt à investir dans la recherche scientifique, dans l’éducation de leurs enfants… Le sport est très important dans le développement des sociétés, c’est indéniable. Mais au point d’y consacrer des sommes aussi conséquentes, dans un pays qui en a besoin ailleurs, et où on des gens meurent encore de froid?

Le financement du sport devrait plutôt se faire à un niveau beaucoup plus bas : construire des équipements sportifs de proximité, encourager la pratique du sport pour toutes les tranches d’âges, promouvoir le sport universitaire (autre que les courses à pied et le foot!). Laissons les clubs se financer par du sponsoring (ils se débrouillent bien, non?).

Quand je lis qu’en 2009, 69 millions de DH ont été consacrés à l’investissement dans la recherche scientifique, et que d’un autre coté, 250 millions de DH sont consacrés au foot, je suis pronfondément choqué. Et pas du tout rassuré pour l’avenir de mon pays.

Victoire électorale du parti de l’ami du Roi

Elections Maroc

Source : L’Express

Le Front de la Défense des Institutions Démocratiques (FDIC), créé il y a un an, et dirigé par M. Ahmed Réda Guedira, ami proche du Roi, a gagné les élections de 1963, en obtenant la majorité des sièges au cours d’élections qui se sont tenues ce vendredi sur tout le territoire marocain. Le FDIC auquel se sont ralliés plusieurs membres d’autres partis politiques à la veille des élections, a pour programme électoral le renforcement du processus démocratique, et l’application d’un ensemble de réformes économiques visant à promouvoir l’emploi et à la création de richesses qui bénéficieraient à tous les citoyens marocains. Le FDIC est donc déclaré grand gagnant de ces élections face aux socialistes et à l’Istiqlal. Le Ministère de l’Intérieur a déclaré que les élections se sont passées dans d’excellentes conditions, et sans incident notoire. Les partis de l’opposition ont réclamé l’ouverture d’enquêtes, suite à des cas de fraude. Le procureur du Roi a décidé l’ouverture d’une information judiciaire établir la véracité de ces propos.

Vous voulez jouer à une petit jeu? Remplacez FDIC par PAM, 1963 par 2009, Réda Guedira par Fouad Ali El Himma, et le tour est joué. L’Histoire n’est-elle pas un éternel recommancement? Vous n’y comprenez rien? C’est pas grave. Personne ne sait comment un parti vieux d’un an a pu couvrir 60% des circonscriptions, et comment ils ont pu gagner 20% des sièges… Tout ce qu’on sait, c’est que le PAM s’est défini dans les milieux ruraux et péri-urbains, comme le parti du Roi. Et comme personne ne veut être contre le Roi, les électeurs votent forcément PAM…

Le PAM a voulu être le trublion du paysage politique marocain, et c’est bien réussi. Reste à connaître maintenant leur plan pour les années à venir. Les élections législatives de 2012? On applique la même recette, et c’est dans la poche.

Tout ce que j’espère maintenant, c’est que les livres d’histoire ne parleront pas un jour d’un “printemps marocain” qui aura duré 10 ans.

Pour le reste, circulez, il n’y a rien à voir. Et rendez-vous dans 20, 30 ou 40 ans. Peut-être…

De la Chabatisation de la vie politique au Maroc

Elections au Maroc

En cette période de campagne électorale pour les élections municipales, où les idées et les programmes devraient s’affronter, on assiste encore une fois à un débat (voire à un combat) de très bas niveau. On est devenus habitués à des politiciens à la limite du “voyoutisme”, et qui forgent à coup de déclarations incendiaires, de mercenaires payés à l’heure, ou d’actes politiques spectaculaires à la limite du ridicule, une réputation de héros des temps modernes, dans un monde ou l’élite politique est en proie à la déchéance. Les prédicateurs de ce “courant” sont connus et reconnus. Ils jouissent d’une aura locale, souvent issue d’affaires juteuses, de milices de mercenaires bien connues des habitants de ces villes, et d’une soif de pouvoir sans commune mesure.

J’ai pu voter pour la première fois lors des élections municipales de 2003. C’étaient les premières élections municipales organisées sous le nouveau règne, et on nous promettait les élections les plus transparentes de l’histoire du Maroc. Ce qui revient à dire que la voix des citoyens sera respectée à la lettre. A l’issue du scrutin, les observateurs étaient unanimes à dire que les élections étaient effectivement libres et démocratiques. Sauf que les magouilles se sont passées ailleurs : lors de la constitution des Conseils des villes. A Rabat par exemple, l’USFP était classé premier, mais n’avait pas de majorité absolue pour gouverner la ville. Il devait donc s’allier avec d’autres partis pour constituer une majorité. Sauf que TOUS les autres partis politiques (mis à part le PPS) se sont alliés  pour constituer une majorité. Rabat s’est donc retrouvée gérée par une coalition de MP-Istiqlal-PJD. Une chimère politique qui ne ressemble à rien… Résultat, la gestion de la ville est catastrophique, et un rapport de la Cour des Comptes est accablant pour le maire Bahraoui. Le rapport relève, entre autres, que le conseil de la ville a créé 700 emplois fictifs!

A Fès, la gestion de la ville par M. Chabat n’a guère été meilleure. Il a également été accablé pour mauvaise gestion par la Cour des Comptes. Des dépenses non justifiées de 2 milliards de DH ont été constatées par la Cour! Non M. Chabat, il ne suffit pas de couvrir la ville de fontaines pour dire que la gestion a été exemplaire! Le désormais spécialiste des boutades à la marocaine, jouit d’une aura sans précédent. Ses sorties médiatiques lui ont valu d’être constamment à la Une ces dernières semaines, et le débat politique sincère en souffre beaucoup. Une vidéo qui a beaucoup circulé sur Internet suffira à vous convaincre que ce monsieur ne fait qu’assurer le spectacle à défaut d’autre chose.

Supposons que ce monsieur devienne un jour Secrétaire Général de l’Istiqlal, et que celui-ci gagne les élections. Supposons également que la logique démocratique soit appliquée à la lettre. Il devrait donc logiquement être désigné comme Premier Ministre. Qu’aura-t-on à faire? Moi en tout cas, j’ai déjà choisi un endroit paisible pour un exil volontaire : L’île des Sanafir (si, si, ça existe!). En espérant qu’il n’y ait pas de Sanfour Chabat parmi la population indigène de l’île…

Mais le véritable phénomène cette année, est incontestablement le PAM. Ce parti sorti de nul part (enfin si quand même…), et qui réussit, après moins d’un an d’existence à couvrir 60% des circonscriptions, devançant l’Istiqlal du haut de ses 66 ans d’existence. Comment peut-on réussir une telle “performance” sans attirer les opportunistes et les arrivistes de tout bord. Que peut-on espérer des élus d’un parti qui dénonce l’application de la Loi? La question à se poser maintenant : quels sont les plans du Makhzen autour du PAM. Personne aujourd’hui ne peut se vanter d’avoir une réponse à cette question, tellement les enjeux sont flous, et les évènements de plus en plus incohérents et imprévisibles. Les secrets du Makhzen sont encore une fois impénétrables…

Que faire alors le 12 Juin? Voter en espérant influer un tout petit peu sur le cours des choses, ou s’abstenir et laisser les vendeurs de voix faire leur marché, et récupérer l’autre paire de babouche tant convoitée, ou l’autre moitié de la coupure de billet de 200 DH? Un avis très personnel me pousse tout de même à préférer la première solution. Si on ne veut pas voter pour un programme ou une personne en particulier, on peut tout de même faire son choix pour le moins mauvais des candidats, ne serait que pour barrer la route à ces voyous qui nous pourissent tant la vie…