Levées de fonds Tech : le Maroc bientôt dans le Top 4 africain ?

Dans l’édition 2023 de son rapport annuel qui fait référence, Partech classe le Maroc 5ème au niveau africain en termes de levées de fonds pour startups tech, juste derrière les Big 4 historiques (Afrique du Sud, Nigeria, Egypte et Kenya) avec des levées totalisant 93 US$M pour 17 deals.


Certes, ce chiffre inclut 62 US$M levés par CashPlus, mais même retraitée de ce deal, la position du Maroc reste plus qu’honorable, relativement à celle d’il y a quelques années, surtout dans un contexte de mondial de recul des levées de fonds.

On compte aujourd’hui une dizaine de fonds actifs sur le marché marocain, contre seulement 2 ou 3 il y a 7-8 ans. Le programme Innov Invest de Tamwilcom porte ses fruits, et d’autres programmes publics devraient s’ajouter pour mettre plus de financement à disposition d’entrepreneurs innovants marocains.

Aujourd’hui, si vous avez un projet innovant, prometteur, avec des fondateurs de qualité et un positionnement marché intéressant, vous ne devriez pas avoir trop de mal à convaincre un des 10 fonds VC de la place pour lever des fonds jusqu’à 10-15 MDH. La difficulté se situe plus dans des levées plus importants, où nous avons clairement un déficit, surtout pour des tickets entre 15 et 50 MDH, encore trop grands pour les fonds VC locaux, et trop petits pour des fonds de Private Equity marocains.

Alors peut-on faire mieux et faire partie des Big 4 africains dans les 5 prochaines années? Ca s’annonce plus compliqué pour plusieurs raisons :

1- Les fonds capables d’investir des centaines de millions de USD dans des startups marocaines sont surtout étrangers. Or ceux-ci ont pour important critère d’investissement la taille des marchés investis. Le Maroc souffre de la taille, relativement réduite, de son marché, ainsi que de son manque flagrant d’intégration régionale. Les Big 4 disposent de marchés de plus de 100 millions d’habitants (Egypte et Nigéria) ou sont très bien intégrés régionalement (Afrique du Sud et son hinterland historique, et le Kenya leader des économies de l’Afrique de l’Est). Le Maroc n’est malheureusement ni l’un, ni l’autre.

2- Le secteur qui attire le plus de fonds en Afrique est la Fintech (et dans une moindre mesure la Climatech). Or le Maroc a une position ambigüe en la matière : nous avons d’un côté un taux de bancarisation/intégration financière qui approche des 50-60%, loin devant l’Afrique subsaharienne (~10% de taux de bancarisation) où le potentiel marché est encore énorme, mais aussi loin derrière les taux en Europe qui frôlent les 100%. Nous avons également un marché financier dominé (pour ne pas dire verrouillé) par les banques, avec un régulateur Bank Al-Maghrib, très conservateur dans son approche et pour qui, il est beaucoup plus important d’avoir des acteurs financièrement solides, plutôt que de nouveaux outsiders innovants. C’est une approche qui se respecte, mais qui est très discutable si on veut voir émerger une réelle innovation dans le secteur avec des acteurs qui disruptent le marché (cf point suivant).

3- Le Maroc a une économie conservatrice et rentière. Nous sommes loin d’avoir une économie schumpéterienne qui favorise la création destructrice : pour innover, il faut forcément détruire d’anciens paradigmes. Or pour beaucoup de raisons (qu’il est inutile de détailler ici), des secteurs entiers restent à l’abri de l’innovation, afin de maintenir des positions dominantes d’acteurs traditionnels. De plus, la réglementation très stricte ne favorise absolument pas l’émergence de nouveaux acteurs dans des secteurs minés par les dysfonctionnements : finance, assurance, mobilité urbaine, drones…

4- Paradoxalement, l’Etat marocain déploie de plus en plus d’effort pour le financement des startups innovantes, mais n’achète quasiment pas les produits innovants de ces mêmes startups. Le secteur public reste le premier donneur d’ordre du pays, mais préfère dans une large mesure s’approvisionner auprès d’acteurs étrangers pour ses besoins technologiques. Or, je reste convaincu que beaucoup de problématiques marocaines ne peuvent être adressées que par des startups qui comprennent les problématiques et enjeux locaux, sans oublier le facteur coût qui devrait normalement favoriser les startups marocaines, ainsi que les enjeux de souveraineté qui s’imposent dans un contexte géopolitique globalement instable.

Pour conclure, il est important de maintenir les acquis actuels en termes de financement de l’innovation, mais de penser sérieusement aux entraves qui nous empêchent de passer au niveau supérieur. Si on veut continuer de garder nos startupers au Maroc.

Cette tribune a été publiée par Telquel.

Covid-19, Morocco Chief Digital Officer?

La crise sanitaire que traverse le Monde en ce moment a des conséquences humaines terribles et un impact économique catastrophique sur beaucoup de secteurs.

Mais s’il y a un secteur qui devrait plutôt bien s’en sortir, c’est bien celui du digital. Au Maroc, nous avons pris beaucoup de retard, et la crise du Covid-19 a permis de faire tomber beaucoup de barrières psychologiques et décisionnelles qui bloquaient à la fois les décideurs et les citoyens/consommateurs.

L’impact sur les secteurs du digital n’a pas été uniforme. Certains vont connaitre des croissances exponentielles. D’autres vont sévèrement pâtir de la crise.

E-Gov :

S’il est aujourd’hui possible de déclarer et payer ses impôts en ligne, de déposer des réclamations à distance ou de déposer sa demande de permis de construire en ligne dans beaucoup de communes, la grande majorité des procédures est loin d’être digitalisée.

Il est toujours impossible de créer son entreprise en ligne, de légaliser un document ou demander une copie conforme sur Internet, ni d’effectuer des opérations à distance auprès du greffe du tribunal de commerce pour les entreprises.

Mais cette crise du Covid-19 a permis d’accélérer la mise en place de certains projets qui auraient pu attendre des mois, voire des années avant de voir le jour. Ainsi, l’Agence du Développement du Digital a lancé 10 jours après le début du confinement, 3 services : le bureau d’ordre digital, le guichet électronique des courriers et le parapheur électronique. Idem pour la distribution des aides directs de l’État pour les plus impactés par la crise : la plateforme de distribution des aides a été mise en place en quelques jours, alors qu’on en parle depuis une bonne décennie. La collecte de données d’une telle quantité par l’État sur des millions de foyers en si peu de temps, aurait été impossible en temps normal. En espérant que cela serve de premier pilier au Registre Social Unique.

Si cela prouve une chose, c’est que le blocage de dizaines de projets e-gov au Maroc est surtout d’ordre décisionnel, et n’est absolument pas technique ou financier. Quand l’administration veut, elle peut.

E-commerce

Dans l’impossibilité d’ouvrir leur magasins, ou face au risque sanitaire que pourraient encourir leurs clients, des dizaines d’enseignes ont (enfin) opté à la hâte pour le e-commerce.

Si certaines enseignes de grandes distribution ont opté pour des méthodes artisanales improvisées et qui démontrent leur impréparation à la situation, comme se greffer à des plateformes de livraison (comme Glovo ou Jumia Food), d’autres ont lancé des sites de e-commerce en bonne et due forme. C’est même devenu pour pour certaines la seule source de chiffre d’affaires (suite à la fermeture de leurs magasins physiques) durant les semaines passées. Elles ont dû adapter leurs process et leurs chaines logistiques à ce nouveau mode de fonctionnement, et aux contraintes sanitaires actuelles.

Et puis, on savait le client marocain très réticent au paiement en ligne (plus de 95% des paiements se faisaient en cash à la livraison). Mais par la force des chose, et pour limiter le risque de transmission du virus via les billets de banque, beaucoup ont enfin sorti leurs cartes bancaires pour payer en ligne.

Cette crise promet d’être un vrai catalyseur pour le e-commerce au Maroc. A condition de résoudre l’épineuse question de la rentabilité, qui, à mon avis, ne sera résolue que par un positionnement “brick and clicks”, c’est-à-dire en déployant une vitrine e-commerce s’appuyant sur un réseau de magasins physiques.

EdTech

Avec le confinement forcé, et l’arrêt des cours dans les écoles et universités, le Ministère de l’Education Nationale a déployé en quelques jours un important système de cours en ligne et sur les chaînes TNT publiques. Encore une fois, ce qui paraissait impossible ou qui devait prendre des années, n’a pris que quelques jours pour être déployé.

Les plateformes d’EdTech (Education Technology) qui permettent une interaction entre les professeurs et les élèves, mais aussi avec les parents et l’administration, sont aujourd’hui plus que nécessaires et complémentaires aux cours présentiels. Cela permet un suivi pointu de l’acquisition des compétences par les étudiants, mais aussi d’offrir un contenu de très haut niveau pour compenser le niveau pas toujours bon de certains professeurs.

Cela pourrait même faire partie de la solution à la surcharge des amphithéâtres de beaucoup d’universités marocaines.

FinTech

Quand l’État a voulu distribuer les aides directes à des millions de marocains touchés par la crise, il a opté pour la distribution en cash. Pour la simple raison que le mobile money est quasi-inexistant au Maroc, malgré le tapage médiatique qui a accompagné l’attribution des agréments, et le lancement de certains services.

Les raisons sont multiples : taux de bancarisation assez élevé par rapport aux pays d’Afrique subsaharienne pris en référence pour ce projet (~60% vs. ~10%), réseau d’acceptation très faible chez des commerçants inquiets des possibilités de traçabilité fiscale, culture du cash très dominante, faibles revenus des populations cibles…

Le cash a encore de beaux jours devant lui. Et à moins d’une révolution culturelle et réglementaire, ce n’est pas demain que l’on verra une migration de masse vers le mobile money et l’émergence de vrais startups de fintech au Maroc.

HealthTech

La crise du Covid-19 a eu un impact insoupçonné sur le secteur médical : la chute des consultations physiques. Les patients ne souhaitant pas prendre de risque en se rendant dans les hôpitaux, cliniques ou cabinets médicaux, n’ont eu de choix que d’appeler leurs médecins par téléphone ou appels vidéos.

Si certaines startups offrent aujourd’hui la téléconsultation qui se résume à de simples appels vidéos, il serait temps de voir d’autres services proposant une intégration de tous les acteurs de santé autour du patient (médecins, pharmaciens, biologistes, imagerie médicale…), voire des appareils de prises de mesures à distance pour optimiser les parcours de clients, et réduire les déserts médicaux.

Logiciels B2B

Si beaucoup des grandes entreprises ont pris le virage technologique en digitalisant une bonne partie de leurs process, la grande majorité des TPME n’y sont pas encore. Faute de moyen ou de volonté. La crise du Covid-19 a démontré plus que jamais la nécessité d’opter pour des logiciels de gestion sur le cloud, de digitaliser tous les process papier.

La tendance qui se dégage par ces temps de crise chez beaucoup d’entreprises, est la repriorisation et l’accélération de projets devenus, par la force des choses, stratégiques.

Conclusion

Cette crise ressemble beaucoup à une situation de guerre. Et parmi les effets d’une économie de guerre, l’installation d’un “effet de cliquet” théorisé par l’économiste James Duesenberry en 1949. Il le définit comme un effet empêchant le retour en arrière d’un processus une fois un certain stade dépassé. Nous espérons tous, qu’une fois cette crise sanitaire dépassée avec le moins de dégâts humains et économiques possibles, qu’un effet de cliquet s’installe durablement, avec un effet favorable sur tous les secteurs du digital.

Le Covid-19 aura alors réussi là où beaucoup de stratégies ont échoué, et méritera son titre de Morocco Chief Digital Officer.

Covid-19 : L’application de tracking des marocains doit être open source

Le gouvernement marocain a lancé le développement d’une application mobile permettant le traçage des contaminations du Covid-19. Elle permettra de tracer les contacts physiques de tous ceux qui l’auront installée (en utilisant le GPS et/ou le Bluetooth), et d’avertir tous ces contacts en cas de contamination de l’un d’entre eux par le Covid-19. Couplée au testing massif, cette application pourrait être un moyen efficace pour lutter contre cette pandémie à l’échelle nationale, et d’identifier très rapidement tout foyer, d’autant plus que, selon l’ANRT, 75% des marocains disposent d’un smartphone.


D’autres pays comme Singapour, la Corée du Sud, la Chine, le Ghana, la République Tchèque l’ont fait. Celle du Royaume-Uni est en cours de développement. Idem pour la France où l’INRIA pilote le projet, et où un débat parlementaire devrait s’ouvrir incessamment pour discuter des répercussions lourdes de ce type d’applications sur les libertés individuelles et la protection des données personnelles.

Au Maroc, ce type de débat ne semble pas d’actualité aujourd’hui, ce qui est une aberration totale. L’Etat marocain ne jouit pas des meilleures réputations en termes de protection des données personnelles et des libertés individuelles. Mais d’après le document de référence publié par plusieurs supports de presse, le traitement des données devra se faire sur le téléphone lui même, et non sur un serveur distant. La seule garantie de non utilisation de ces données à des fins autres que celles de traçage des contaminations du Covid-19, serait de publier l’intégralité du code source de l’application développée. Une fois ce code source ouvert, il pourra être audité par des experts informatiques pour s’assurer des protections adéquates des donnés personnelles collectées.

D’autres pays ayant recours à ce type d’applications en ont déjà publié le code source, afin justement, de rassurer leur population sur l’utilisation de leurs données personnelles (Singapour, Israel, République Tchèque…). Résultat : des millions d’utilisateurs ont adhéré à la démarche et ont installé l’application afin de contenir le virus.

Encore une fois, ne ratons pas l’occasion de redonner confiance aux citoyens dans leur État. Ce serait dommage que la majorité des marocains renoncent à installer ce type d’applications par méfiance. Car sans adhésion massive de la population à ce type d’initiatives, elles seront tout simplement inutiles.

Cette tribune a été publiée sur Medias24

Etat marocain : des méthodes kadhafistes pour surveiller Internet ?

Rappelez-vous, d’un épisode particulier de la chute du sanguinaire dictateur libyen : deux journalistes du Wall Street Journal (WSJ) découvrent stupéfaits l’existence d’un centre secret à Tripoli pour la surveillance d’activistes libyens sur Internet. Le centre disposait d’importants moyens informatiques dont un logiciel appelé Eagle et édité par la société française Amesys.

Que permet de faire ce logiciel ? Le manuel d’utilisation de Eagle est on ne peut plus clair :

« Le système récupèrera toutes les données, et fichiers attachés, associés aux protocoles suivants : Mail (SMTP, POP3, IMAP), Webmails (Yahoo! Mail Classic & Yahoo! Mail v2, Hotmail v1 & v2, Gmail), VoIP (SIP / RTP audio conversation, MGCP audio conversation, H.323 audio conversation), Chat (MSN Chat, Yahoo! Chat, AOL Chat, Paltalk -qui permet aux utilisateurs de Windows de chatter en mode texte, voix ou vidéo-, Http, Moteurs de recherche (Google, MSN Search, Yahoo), Transferts (FTP, Telnet) ».

Amesys Eagle Operator Manual Copy by rewriting

Il s’agit en gros d’un logiciel de « Deep Packet Inspection », capable de récupérer et inspecter des données circulant entre libyens, et même de dresser des cartographies de relations en fonction des personnes contactées et de la fréquence des échanges.

L’enquête du WSJ avait bien révélé que les services libyens avaient utilisé le logiciel pour épier des conversations entre activistes sur Yahoo Chat et via email.

Le gouvernement marocain est-il tenté d’utiliser des méthodes du défunt Kadhafi pour surveiller Internet ? Tout porte à le croire malheureusement.

Le «Canard enchainé» français avait publié en Février 2012 une facture de 2 millions de dollars destinée au gouvernement marocain de la part de la société Serviware, filiale d’Amesys, elle-même filiale du groupe Bull.

La facture porte mention du « Projet Popcorn », mais ne donne pas plus de détails sur la consistance de la commande. Mais selon le « Canard Enchaîné », le même logiciel aurait été fourni au Qatar et à… la Syrie ! C’est dire la nature démocratique des régimes clients d’Amesys.

Si aucune réaction officielle des autorités marocaines n’a été enregistrée, il ne serait pas du tout étonnant que le régime marocain se mette à surveiller ceux qui l’enquiquinaient il y a 2 ans avec les manifestations du mouvement du 20 février, et le vent de liberté d’expression qui souffle sur l’Internet marocain depuis.

Mais ne faudrait-il pas rappeler que l’article 24 de la Constitution marocaine stipule explicitement que

« Toute personne a droit à la protection de sa vie privée. (…) Les communications privées, sous quelque forme que ce soit, sont secrètes. »

Le régime se cache malheureusement très souvent derrière le prétexte de lutte contre le terrorisme et de lutte contre les fraudes pour justifier ces pratiques. Sauf que ce même article de la Constitution stipule que

« Seule la justice peut autoriser, dans les conditions et selon les formes prévues par la loi, l’accès à leur contenu, leur divulgation totale ou partielle ou leur invocation à la charge de quiconque ».

Quid de la pratique ? Ce n’est un secret pour personne qu’elle est souvent loin de toute règle juridique…

Quelques liens :

MT Box ou l’arnaque ADSL par Maroc Telecom

 

Vous avez envie d’une connexion Internet ADSL plus confortable que celle offerte par la 3G? Vous avez en plus envie de communiquer de manière illimitée sur votre téléphone fixe? Et aucune envie d’installer une antenne parabolique sur votre toit. Vous avez donc besoin d’un accès à un bouquet de chaines de TV via ADSL. Vous vous renseignez chez vos amis, et vous découvrez tout d’un coup qu’il n’y a qu’un seul opérateur qui puisse vous offrir tous ces services : la bonne vieille Maroc Telecom…

Pourquoi n’a-t-on donc pas le choix entre différents opérateurs sur ADSL, alors que la concurrence fait rage par exemple sur le mobile? C’est une question à laquelle nos éminents savants n’ont pas encore trouvé de réponse…

Vous vous résignez donc à aller chez l’agence de Maroc Telecom la plus proche, malgré la réputation peu recommandable de l’opérateur historique (puisque vous n’avez pas le choix…).

Après plusieurs jours/semaines/mois, un technicien se déplace chez vous et vous installe le joujou. Tout semble bien marcher les premiers jours, jusqu’à ce que vous découvrez que le débit qu’on vous a promis (4 Mbps dans la plupart des cas) n’est que théorique. Le soir ou les weekends il baisse de moitié voire plus. Vous vous dites que ce n’est pas grave, et que ca devrait passer (puisque vous n’avez pas le choix…)

La 2ème surprise vient quelques semaines après l’installation. Vous recevez une facture nettement plus élevé que ce qu’on vous a promis dans les campagnes de pub. Non seulement vous devez payer un mois à l’avance, mais il vous faut en plus payer pour le matériel que l’on vous a installé (Routeur ADSL et boitier TV ADSL) , malgré votre engagement pour 12 mois. Son prix? 425 DH. Et ça, on nous vous en a parlé nul part… Vous avalez tout de même la couleuvre et vous résignez à payer. (puisque vous n’avez pas le choix…)

La 3ème surprise, intervient après quelques jours. Vous souhaitez appeler des amis à l’étranger via Skype. Vous avez bizarrement beaucoup de mal à vous connecter. Et quand vous arrivez enfin à le faire, la connexion est coupée au bout de quelques minutes. Et là, impossible de vous reconnecter. Renseignements pris, on vous apprend qu’à défaut de pouvoir légalement interdire la VoIP (Skype et autres), Maroc Telecom dégrade volontairement la qualité des communications via Skype. Normal, au bout d’un moment, vous passerez vos communications internationales  directement de votre ligne fixe (Maroc Telecom puisque vous n’avez pas le choix…) au prix bien exorbitant que l’on connait, alors que les boxs dans les pays européens offrent des communications gratuites vers le fixe un peu partout dans le monde… (vous n’avez pas le choix…)

Quelques mois plus tard, votre ligne subit des coupures inexplicables. Sauf que  quand la ligne ADSL MT Box coupe, c’est également votre TV ADSL et votre ligne téléphonique qui deviennent indisponibles. La première fois, vous vous dites que ce sont des choses qui arrivent. Mais au bout de quelques jours, l’incident devient répétitif, et se reproduit chaque 10 à 15 minutes. Là vous vous décidez à appeler le service ADSL (le 115)  à qui vous exposez gentiment votre problème.

Au début, on vous prend systématiquement pour un débile : “Votre MT Box est-elle allumée?” “Les câbles sont-ils correctement raccordés?” “-Avez-vous la tonalité téléphonique? – Tu vois bien que je t’appelle de la même ligne non?” .  Au bout de 5 minutes, ils s’aperçoivent (ô miracle) que le problème vient peut-être de Maroc Telecom.  Là ils se résignent à vous envoyer un technicien qui sera là dans 1 à 2 jours (promis, juré, wallah l3adim mon frère). 4 jours passent, vous attendez toujours ce technicien qui ne fait toujours pas signe. Vous rappelez, une, deux, trois, dix fois, pour pouvoir tomber sur un téléopérateur. Quand celui-ci répond, il vous promet la même chose : un technicien chez vous après 1 à 2 jours. 15 jours après, le technicien vous téléphone : “Je suis devant chez vous. Où est-vous?” “Mais il fallait m’appeler avant pardi! Les rendez-vous c’est pour les chimpanzés?” Vous comprenez plus tard que les employés de Maroc Telecom croient tous que leurs clients  sont des hommes/femmes au foyer qui  attendent patiemment le passage de leurs techniciens  à la maison, ou n’ont d’autres choses à faire que de faire le tour des agences commerciales pour résoudre leurs problèmes… Le technicien revient plus tard examiner les lignes, et vous répond que tout est réglé. Bien contents, vous vous dites, que tout est peut-être rentré dans l’ordre. Et rebelote. Le même problème resurgit après quelques heures. Le problème était loin d’être réglé.

Vous vous résignez à rappeler le 115. On vous dit que cette fois-ci le problème vient de la centrale. Laquelle? On ne peut vous répondre. Quand est-ce que ca sera réglé? Très prochainement. Dans 2 jours maximum. Passent une, deux, trois semaines. Vous n’oubliez pas de rappeler le 115 chaque jour en rentrant, de leur demander s’ils vont bien, la santé, la famille… (on s’habitue vite à ses nouveaux amis). Mais vous n’oubliez pas de leur rappeler que le problème n’est toujours pas résolu. On vous répond que “Ykoun khir “, et que le problème sera réglé dans 2 jours grand max  (promis, juré, wallah l3adim mon frère).  Au bout d’un mois, vous explosez au téléphone, et les gentils bonhommes du 115 ne trouvent pas d’autres solutions pour vous que d’aller directement à l’agence commerciale la plus proche. Vous allez dans l’agence un samedi matin, poiroter pendent 2 heures en attendant votre tour. Vous exposez gentiment votre problème à la dame, qui dès qu’elle vous entend formuler la phrase “Problème technique ADSL”, vous tend le combiné posé sur le comptoir en vous disant : le 115 est l’unique interlocuteur dans le cas de problèmes techniques. “Mais puisque je vous dis que c’est eux qui m”ont envoyé ici!” “Ca doit être une erreur”.  Hurlez, criez, faites ce que vous voulez: des clients mécontents, ils en voient des dizaines par jour. Ils sont habitués.

On vous promet de résoudre votre problème dans 2 à 3 jours maximum (promis, juré, wallah l3adim mon frère). Vous rentrez complètement dégoûté chez vous, et vous réalisez que vous avez du courrier : une facture Maroc Telecom. Ca, il faut le reconnaitre, le service de facturation est très compétent chez l’opérateur historique , vous  envoie toujours les factures à temps, vous accueille à bras ouvert, et vous offre tous les moyens possibles et imaginables (sauf les cartes bancaires dans les agences, mais ça c’est une autre histoire…)  pour vous acquitter de votre dû (peut importe si leur part du contrat est remplie, car ça, ils s’en foutent).

Le même jour, vous tombez sur un article de journal qui dit que Maroc Telecom n’a pu vendre que 50 000 abonnements MT Box (sur 630 000 abonnés ADSL) en 5 ans d’existence : un véritable fiasco commercial… Et là vous vous vous dites que c’est bien mérité pour leurs gueules!

Messieurs les dirigeants de Maroc Telecom, si votre profitabilité (une des plus grandes au monde faut-il le rappeler?) est en déclin, et que votre cours boursier atteint son niveau le plus bas depuis 5 ans, il ne faudra blâmer que vous même et la médiocrité de vos prestations et de la relation avec vos clients. Ils sont votre véritable capital, et ils causeront très probablement votre déroute.

Ce billet est inspiré d’histoires bien réelles (la mienne entre autres…).

 

L’étrange règlement du concours Android de Méditel

Méditel continue de miser sur le développement de contenu marocain, et lance une opération inédite au Maroc : un concours de développement sur la plateforme Android de Google. Comme il n’existe à ce jour aucune application Android spécifique au Maroc, Méditel voulait utiliser son image de marque pour promouvoir le développement d’un contenu utile au marocains disposant d’un smartphone Android.

Et l’opérateur offre des récompenses bien alléchantes aux lauréats : un voyage aux US pour assister à la conférence I/O Google, des PC portables, des abonnements 3G…

Sauf qu’une clause très étrange dans le règlement du concours, vient noircir le tableau. Selon le règlement du concours, dès que vous soumettrez votre application au Challenge, Méditel devient propriétaire de l’application et détient tous les droits de l’utiliser et de l’exploiter (Alinéa 7) :

Par sa simple participation au Challenge, le Participant confère à MEDI TELECOM une licence perpétuelle, irrévocable, à l’échelle mondiale, sans droits d’auteur, et non exclusive pour utiliser, exploiter, reproduire, effectuer publiquement et créer toute œuvre dérivée de toute Application présentée par lui dans le cadre du Challenge, et communiquer, afficher, montrer ou autrement promouvoir l’Application. En outre, le Participant reconnaît et accepte que MEDI TELECOM aura le droit d’utiliser, exploiter, commercialiser, distribuer, reproduire, communiquer au public l’Application, y compris à titre indicatif et non limitatif, le droit de mettre en place des captures d’écran, des animations et des vidéo clips aux fins de promotion de l’Application.

En gros, en échange d’une participation au concours, vous cédez tous vos droits d’auteurs à Méditel. Si vous diffusez l’application gratuitement ou moyennant finances sur l’Android Market, Méditel peut vous poursuivre en justice, car l’opérateur en détient les droits.

Connaissant le milieu des développeurs, très peu accepteraient de céder les droits de leur application, et préfèreraient de loin la publier sous une licence libre (donc code source ouvert et modifiable à volonté), ou de la commercialiser directement sur l’Android Market.

Espérons que Méditel rétablira très vite des conditions plus équitables dans le règlement du concours.

Primo.ma : Nouvelle librairie online au Maroc

Après Livremoi.ma (évoqué dans un précédent billet), un nouveau libraire online est lancé au Maroc : Primo.ma. Certes le concept, n’a rien de nouveau, mais le service présente quelques intérêts par rapport à son concurrent direct.

Tout comme Livremoi.ma, Primo.ma est un “pure player”, une enseigne qui repose sur Internet comme unique canal de distribution. Le site affiche clairement des avantages comme la livraison gratuite à domicile (contre 30 DH pour Livremoi.ma), et des délais de livraison raisonnables. Les créateurs du site promettent de livrer après 48h de la date de commande pour 95% des livres en vente, car contrairement à leur concurrent direct, Primo.ma dispose d’un stock au Maroc. Autre agréable surprise, le prix de quelques livres. Certains best-sellers coûtent moins cher qu’en Europe! Un petit exemple avec le fameux “Finance d’Entreprise” de Pierre Vernimmen (Primo.ma, Livremoi.ma, Amazon.fr).

Mais ce n’est malheureusement pas le cas de tous les livres. Le Guide du Routard Maroc 2010 est par exemple vendu plus cher que les concurrents (Primo.ma, Livremoi.ma, Amazon.fr).

Cependant, la plus grosse différence entre les deux sites reste la richesse de la base de données des livres. Primo.ma ne compte à ce jour pas plus de 350 livres, contre des milliers pour Livremoi.ma (qui repose sur la plateforme Aligastore). La raison en est simple : Il est impossible pour un distributeur d’avoir un stock conséquent de livres au Maroc, lui permettant de livrer ses clients dans des délais très courts. Choix à l’opposé de Livremoi.ma qui préfère avoir un catalogue plus pléthorique, mais à condition de prendre son mal en patience, et d’attendre la livraison d’Europe.

Autre point négatif, Primo.ma ne propose pas le paiement par carte bancaire sur Internet (contrairement à Livremoi.ma), et le paiement se fait généralement auprès du facteur qui vous livre le colis. Cependant, un système de paiement prépayé (via la carte Jaybi), devrait être prochainement proposé.

Derniers reproches pour les créateurs de Primo.ma : Le lecteur marocain serait ravi de trouver autre chose que des livres en français (le marocain est polyglotte par définition :-)), mais aussi des livres marocains parfois difficilement trouvables en librairie.

Open source au Maroc : Etat des lieux


Il y a une dizaine d’années, parler de logiciels libres, relevait d’un acte de militantisme politico-technologique. Soutenir des valeurs de liberté et de partage, relevait de l’utopie dans un monde dominé par quelques mastodontes cultivant le culte de la “licence” à grands coups de publicité et de lobbyisme commercial. Il avait fallu des gourous barbus, hirsutes et teigneux, sous leur air gentil et pleins de bonne volonté pour expliquer au monde que les logiciels libres était le mieux de ce qui pouvait se faire en informatique. Richard Stallman et ses amis, n’ont ménagé aucun effort depuis des années pour acheminer ce message de liberté et de partage. Mais cela ne suffisait plus. Les logiciels libres pêchaient par leur manque d’ergonomie, et un ciblage particulier d’utilisateurs. Ils avaient la réputation d’être réservés à une population d’initiés geeks, seuls capables de les manipuler et de les faire évoluer. Mais ce changement de ciblage s’est opéré avec succès au fil des années. Il suffit d’observer les parts de marché en nette croissance pour Linux ou Firefox pour s’en rendre compte. Et nul besoin aujourd’hui d’avoir des prêcheurs pour promouvoir le libre. Les experts du marketing vous le diront : un bon produit n’a pas forcément besoin de publicité, et il finit par s’imposer de lui même. Le bouche à oreille est le meilleur plan marketing qui puisse exister.

Au Maroc, on a pris notre temps avant de surfer sur la vague du libre. Et faisons la part des choses, la Linux Party de l’EMI en 1999 a été le premier évènement au Maroc dédié à la promotion des logiciels libres. A l’époque, cela relevait surtout de la curiosité informatique. Il n’y avait pratiquement aucune utilité d’avoir un ordinateur personnel tournant sous Linux, à part celle fait d’avoir un environnement Unix sur PC. D’une simple Install Party, l’évènement s’est transformé en une rencontre annuelle nationale des acteurs des logiciels libres au Maroc.

Mais quid de l’état du libre au Maroc? Il n’est pas du tout aisé de faire une analyse précise sur le secteur, tant les données chiffrées manquent cruellement, et que les entreprises restent plutôt discrètes sur les solutions adoptées en interne. Mais on peut cependant observer une adoption massive de certaines technologies libres (Java, LAMP, les briques open source en JEE…), non pas pour des raisons idéologiques, mais bien parce que la fiabilité et la pérennité de ces solutions n’est plus à démontrer. Et en ces temps de crise, les entreprises cherchent surtout à faire des économies sur les prix de licences, et accorder un peu plus de budget pour l’intégration et la formation. L’offre des SSII marocaines en matière de libre n’est pas pléthorique, mais commence à s’étoffer petit à petit face à une demande de plus en plus croissante des entreprises. Des SSLL (Société de Service en Logiciels Libres) commencent à voir le jour, mais mettent surtout en avant le coût compétitif de leurs solutions pour faire face à la concurrence.

Sur le volet de l’éducation, point noir d’il y a quelques années, la situation s’améliore grandement. Les écoles d’ingénieurs poussent fortement leurs étudiants à maitriser un minimum de technologies libres, au risque de se retrouver lésés sur le marché du travail. Les compétences techniques ne sont donc plus ce qui manque sur le marché du libre.

Cependant, le volet politique reste très en retard sur le reste. Dans tous les pays ayant connu une adoption massive des logiciels libres, l’impulsion est surtout venue de l’Etat. Cela s’est fait en accordant des subventions ou des avantages fiscaux aux entreprises adoptant les solutions libres, en poussant les administrations publiques à s’équiper en logiciels libres, et en finançant la recherche scientifique dans le domaine. Or, force de constater, que rien de cela n’a été fait au Maroc. Pire, dans la récente stratégie Maroc Numeric 2013 adoptée par le Département des Technologies de l’Information, il n’y a aucune mention du rôle ou de la promotion de l’utilisation des logiciels libres pour la concrétisation de cette stratégie. Autant dire que le développement de l’utilisation du libre au Maroc, devra se faire sans l’impulsion de l’Etat. Et beaucoup voient dans le fait que l’actuel ministre en charge des technologies de l’information soit un ex-DG de Microsoft North West Africa, est un frein en soi à l’évolution des logiciels libres au Maroc.

Mais les prochaines années restent prometteuses pour le libre. Les solutions open source se sont banalisées, et le recours de plus en plus prononcé au cloud computing, favorisera certainement l’adoption de standards libres et d’infrastructures basées sur des logiciels open source. L’aventure ne fait donc que commencer.

Liste de quelques sociétés de services en logiciels libres (SSLL) au Maroc :

Article paru dans l’édition 2010 de la revue informatique de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs

SixthSense : Intégrer les mondes réel et numérique

Oubliez les joujoux d’Apple, oubliez le Surface de Microsoft ou le Kindle d’Amazon, l’informatique du futur est déjà parmi nous. Un brillant chercheur du MIT Media Lab, le laboratoire également à l’origine de l’OLPC, a inventé un système complètement révolutionnaire appelé le SixthSense.

Composé d’un projecteur de poche, d’un miroir et d’une caméra, cet appareil permet une interaction très avancée entre le monde réel et le monde numérique. Les gestes du quotidiens peuvent être directement interprétés par ces appareils, et intégrés dans le monde numérique. Il suffit par exemple de cadrer un paysage par ses doigts pour que le système prenne une photo, de regarder son poignet pour qu’une montre apparaisse, ou de consulter un livre dans une bibliothèque pour que le système aille chercher des avis d’internautes sur ce livre. Cerise sur le gâteau, l’inventeur de ce bijou de la technologie, Pranav Mistry, annonce que le prototype ne coûte pas plus de 300$, et que l’intégralité du système sera en open source! Vivement sa commercialisation!

PS : La vidéo devient vraiment intéressante à partir de la 5ème minute. Vous pouvez choisir le sous-titrage qui vous convient dans le menu “Subtitles”.

Linux Party 2010 à l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs

Le Club Informatique de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs (EMI) organise la dixième édition de la Linux Party sous le thème “Open Source : bilan, ouverture et horizons” les Samedi et Dimanche 6 et 7 Février 2010 à l’EMI (Carte).

Un programme très riche a été préparé pour célébrer le 10ème anniversaire de cet évènement majeur qui a largement participé à la promotion des logiciels libres au Maroc.

Fait marquant de cette édition, l’OLPC (ou le One Laptop Per Child), sera présenté pour la première fois au grand public au Maroc par M. Jean Thiéry, éminent expert en logiciels libres et M. Ahmed Mansour de l’équipe OLPC Maroc. La Linux Party 2010 sera également l’occasion pour annoncer le lancement de la plateforme de partage Kyndy, entièrement développée avec des logiciels libres, et lancée par la startup marocaine Golden Umbrella. En outre, la LP 2010 connaitra des présentations de M. Abderrahman Elkafil, DG de Nextma, à propos des solutions libres pour les entreprises, et de M. Samuel Balle, DG de Mandriva Maroc, sur l’open source et l’économie de l’entreprise. M. Najib Tounsi, professeur à l’EMI, et directeur du bureau du W3C au Maroc fera une introduction sur l’open source, et M. Belhaj El Graini, professeur à l’EMI, et éminent expert en réseaux et télécommunications présentera les différentes solutions libres de virtualisation. L’équipe de Ubuntu Maroc sera représentée par M. Islam Abou El Ata qui présentera la solution de cloud computing privé Ubuntu Entreprise Cloud. Une table ronde sur les logiciels libres au Maroc clôturera l’évènement.

En parallèle à ces conférences, se dérouleront 12 ateliers sur des technologies libres aussi variées que la plateforme Android de Google, les solutions JEE, ou Asterisk pour la VoIP.

Un évènement à ne pas rater pour tous les passionnés de logiciels libres au Maroc!

Et comme d’habitude, l’entrée est LIBRE!

Site Web de la Linux Party 2010

Programme dans la suite…

Read More